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Maraude solidaire à Briancon
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Maraude solidaire à Briancon

RCF,  -  Modifié le 14 mars 2019
Retrouvez chaque jeudi l'édito de Véronique Fayet dans la Matinale.
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En visite à Briançon il y a 3 semaines j’ai été impressionnée par la mobilisation extraordinaire des citoyens de tous âges, toutes conditions autour de l’accueil des personnes exilées qui, malgré le froid, la neige et le manque d’équipement, traversent la frontière franco-italienne au péril de leur vie.

Il y a eu d’abord "Les maraudeurs" , des montagnards qui spontanément ont commencé à patrouiller la nuit pour aller à la rencontre des exilés parce qu’en montagne on ne laisse personne dehors la nuit ! Ils les conduisent à  l’hôpital ou au refuge. En 18 mois, 7500 migrants sont passés par le Refuge solidaire pour un répit de quelques jours ; le Refuge ressemble à un vrai refuge de montagne avec une cinquantaine de lits, un confort rudimentaire mais des repas copieux et un accueil très chaleureux organisé par une  centaine de bénévoles qui se relaient 7 jours /7.

Autour du refuge d’autres acteurs sont mobilisés : la MJC, le Secours Catholique bien sûr, qui ouvre une salle quand le refuge déborde, l’association Tous migrants qui se concentre sur le plaidoyer, Médecins du Monde, la Cimade, et des anonymes qui logent ces jeunes migrants chez eux pour 3 jours , 3 semaines ou plus… un réseau vivant, dense et généreux.

Les habitants se mobilisent avec les élus, pour faire du territoire briançonnais une terre d‘accueil. Mais ce mouvement de solidarité se heurte à la réaction des pouvoirs publics : refus de dialogue, intimidation, poursuites judiciaires allant jusqu’à des peines de prison ; une quinzaine de personnes ont été condamnées à des amendes, et certains à des peines de prison pour avoir porté secours  à des migrants en danger.
 
Comment comprendre que ces personnes qui font preuve d’humanité puissent être inquiétées et leurs actes criminalisés, alors qu'elles agissent par humanité pour éviter des drames en montagnes ? Et malgré cela, un jeune Togolais de 28 ans est mort le 7 fevrier à la descente du col de Montgenèvre. En poursuivant les personnes migrantes et réfugiées dans les montagnes, en les refoulant systématiquement en Italie au mépris du droit, en refusant de les prendre en charge, y compris les plus vulnérables et les mineurs isolés, les autorités françaises portent atteinte aux droits fondamentaux des personnes exilées et les mettent en danger. Le DDD comme la CNDDH ont dénoncé ces agissements. Selon la loi toute personne qui entre sur le territoire a droit à un entretien pour évaluer sa situation, avec un interprète, et a droit de déposer une demande d’asile à la frontière. Des observations et témoignages des pratiques illégales des forces de l’ordre  ont été transmises au procureur mais rien de change . Le délit de solidarité existe toujours.
 
Pour protester et défendre les droits des exilés, une "grande maraude solidaire" est organisée vendredi 15 mars à Briançon. Je voulais ce matin remercier et encourager tous les amis de la vallée engagées dans cette action symbolique.

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