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Migrants: pour Véronique Albanel, "quel est le sens de fermer sa porte?"
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Migrants: pour Véronique Albanel, "quel est le sens de fermer sa porte?"

RCF,  -  Modifié le 8 octobre 2018
Face à la vague migratoire qui frappe aux portes de l'Europe, la Grande Invitée de Stéphanie Gallet dénonce l'absence totale de fraternité et d'humanité.
Fanny Cohen-Moreau RCF Fanny Cohen-Moreau RCF

Dimanche soir, les gardes-côtes espagnols ont annoncé avoir secouru durant les dernières 48 heures près de 1.200 migrants qui tentaient de rejoindre l’Espagne. "Il y avait trois routes d’accès à la Méditerranée. Les deux routes centrales et orientales sont désormais fermées par la Turquie et la Grèce, et par l’Italie. Il n’en reste plus qu’une véritablement, qui est la route de l’Espagne. Cette dernière sauve l’honneur certainement, mais jusqu’à quand ? Tant qu’il n’y a pas de solidarité, un pays ne peut pas porter cela tout seul. On continue d’empêcher les migrants d’accéder par des voies sûres, et il y a de plus en plus de morts en Méditerranée. De plus en plus, cette route est un cimetière. Il y a une espèce d’indifférence, d’inertie totale" explique â€‹Véronique Albanel, philosophe, enseignante au Centre Sèvres, à Sciences Po, auteure de "La Fraternité bafouée : sortir de la peur du grand remplacement" (éd. de l’Atelier), présidente du Service Jésuite des Réfugiés (JRS), une structure qui accompagne des demandeurs d’asile à leur arrivée en France
 

Plus un seul bateau d'ONG en Méditerranée

L’une des ONG en première ligne face à l’afflux de réfugiés en Méditerranée, c’est SOS Méditerranée. Ce week-end, plusieurs manifestations étaient organisées en France pour demander aux gouvernements européens de laisser sauver des vies en Méditerranée, puisqu’aujourd’hui, ce bateau se retrouve sans pavillon, et n’a plus le droit de sortir du port. "Il n’y a plus un seul bateau d’ONG en Méditerranée. En 2017, près d’un tiers des sauvetages se faisaient par les ONG. Aujourd’hui, elles sont soupçonnées de faire le jeu des passeurs. On chercher à se voiler la face ? Faire la politique de l’autruche ? Je ne comprends pas" ajoute Véronique Albanel.

Aujourd’hui, le niveau de soupçon et de méfiance est arrivé à un point sans précédent entre les ONG et les États. "Cela s’est fait progressivement, d’une manière de plus en plus radicale. Et aujourd’hui il y a vraiment un fossé, comme une impossibilité de dialogue, de confiance. Il y a aussi un jeu politique derrière cela. On cherche à rassurer l’opinion publique, majoritairement opposée à l’accueil des migrants, 70% en France. Il y a une vague de pays qui les uns après les autres succombent au populisme, et il y a un grand manque de courage de la part des politiques" précise la présidente du JRS.

Un manque d'idéal et de courage politique

Face à ces peurs, Véronique Albanel affirme qu’il faut les entendre pour ensuite essayer de les déconstruire. "Je peux les entendre. Toutes les vagues migratoires à travers l’histoire ont suscité des refus et des rejets. Mais aujourd’hui, ce qui change la donne, c’est la démographie. La peur n’est jamais aussi grande que lorsque l’on ne côtoie pas l’étranger. Ce sont dans les zones rurales, à l’écart, qu’il y a le plus de peurs" lance la philosophe.

"Notre monde souffre d’un manque d’idéal, manque de sens. Que est le sens de fermer sa porte ? Méditons l’histoire, l’histoire nous a enseigné ce que l’homme était capable de faire à un autre homme. Arrêtons de faire la banqueroute de l’humanité en Europe. On veut rendre tout invisible. Si les médias ne s’en emparent pas, on a une chance de sauver la face. On enferme les gens dans des conditions indignes. Il faut avoir le courage de dire qu’une partie de l’humanité n’a même plus le droit à l’existence. On les relègue dans des conditions sans espoir" dénonce finalement Véronique Albanel.

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