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Monique Hebrard: "mai 68 m'a donné les mots pour critiquer l'Eglise"
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Monique Hebrard: "mai 68 m'a donné les mots pour critiquer l'Eglise"

RCF,  -  Modifié le 15 mai 2018
Monique Hebrard, journaliste, spécialiste de l’Église, auteure de "Mai 68 aux JMJ 97 : trente années vues par une journaliste catholique" (éd. DDB) est la Grande Invitée de la matinale.
Monique Hebrard Monique Hebrard

En mai 68, dont on célèbre en ce moment les cinquante ans, Monique Hebrard débutait sa carrière de journaliste. "Je l’ai vécu personnellement avec un grand enthousiasme. Le mot que je retiens, c’est celui de libération. Libération à la fois du côté femmes, je me suis lancée dans le féminisme à cette époque. Et puis libération par rapport à l’Église. Je ne supportais plus le côté moraliste et la gouvernance institutionnelle. Et comme mai 68 était contre les institutions, contre les pairs, je me suis bien retrouvé dans cette révolte contre le côté institutionnel et raide de l’Église catholique" explique Monique Ebrard, qui ajoute qu’il y avait un "certain retour à l’Évangile en mai 68".
 

"Mai 68 m'a donné les mots pour critiquer l'Eglise"

Sans avoir participé aux actions violentes des étudiants, "je n’ai pas jeté de pavés" dit-elle, Monique Hebrard raconte avoir manifesté. "On pouvait parler partout avec n’importe qui. J’ai parlé des heures à l’Odéon. On parlait de tout, de rien. On refaisait le monde. On parlait dans la rue, il y avait des groupes de parole. C’était extraordinaire. On s’est vite retrouvé en groupe de femmes. Le monde s’ouvrait" lance la journaliste.

Cette période, confesse-t-elle, l’a marqué toute sa vie. "C’est le démarrage d’un certain nombre de choses. J’étais mal avec l’Église mais je n’avais pas les mots pour le dire. Et mai 68 m’a donné des mots pour critiquer l’Église. Pendant dix ans, j’ai été très critique et loin de l’Église. Et dix ans après, je me suis réconcilié avec le renouveau charismatique. J’avais eu une éducation catholique. J’étais contre, mais j’étais mal dans ma peau. J’ai été réconciliée avec l’Église, et avec ma féminité" précise Monique Hebrard.
 

"Une sortie de crise ne peut pas se faire sans excès"

Pour la journaliste, le mouvement de mai 68 posait de nombreuses questions à l’Église catholique. "Je crois qu’il y avait surtout une révolte anticléricale. Je tirais sur toutes les soutanes. Il y avait une pression et une autorité d’un clergé que nous ressentions très mal. Les prêtres se sont révoltés également. On dit que 4 000 sont partis dans les dix années qui ont suivi. Beaucoup se sont révoltés. Ce qui était gênant, c’était l’autoritarisme institutionnel contre lequel mai 68 se rebellait, et qui n’était même pas conforme au concile qui venait de se terminer. Le concile redonnait la part qui leur revient aux baptisés" analyse Monique Hebrard.

Pour cette dernière, mai 68, "c’est l’éclatement de quelque chose qui couvait depuis longtemps, et dans tous les domaines, pas seulement l’Église. On peut mettre le concile dans le lot. Mais c’est l’expression de quelque chose qui montait et qui devait éclater. Il y a eu des claquages de porte violents, mais cela ne devait pas se passer autrement. En mai 68, les laïcs ont vécu ce que le concile permettait de vivre, c’est-à-dire le fait d’avoir la parole, et d’être coresponsable". La journaliste reconnait qu’il y a eu des excès commis dans l’Église à cette période-là, mais pour elle, "la sortie de crise ne peut pas se faire sans excès".
 

"Nous avions tous le petit livre rouge de Mao"

Notamment de la part de certains religieux, des dominicains notamment, qui ont flirté avec le marxisme. "Mais nous avons tous à un moment flirté avec le marxisme. Je me souviens de la fascination autour du petit livre rouge. Nous l’avions tous. On s’est fourvoyé un petit peu. On voulait se libérer de tout un passé. Je me suis rendu compte de cette erreur dix ans après" conclut-elle.

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