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"Ne tordons pas les religions, n'oublions pas les arts !"
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"Ne tordons pas les religions, n'oublions pas les arts !"

RCF,  -  Modifié le 8 novembre 2018
Chaque lundi Antoine Guggenheim vous propose son éditorial.
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Je voudrais revenir ce matin sur la célébration récente de la Toussaint, le 1er novembre, et de la mémoire des défunts le 2 novembre. Une manière pieuse de présenter un décès dans le Carnet du Figaro, et peut-être sur les ondes de RCF, comme dans une homélie d'obsèques est de dire : « Dieu l'a rappelé à Lui ». On compte montrer ainsi la dimension spirituelle d'un événement qui paraît surtout médical : la mort, mais aussi évoquer la foi dans la présence et le rôle de Dieu dans ce mystère.

Mais un effet collatéral de cette formule est dévastateur, avec les enfants comme avec les adultes : si la mort consiste dans le rappel à Dieu d'une personne aimée, c'est que Dieu a pris la décision de couper le fil de cette existence et de nous priver de sa présence. Autrement dit : « Dieu a fait la mort », voire : « Dieu tue ». De là à l'affirmation : « Dieu est la mort », puis : « Dieu est mort », il n'y a qu'un pas que nos imaginations, nos rancœurs, ou nos intelligences ont vite fait de franchir. On les comprend.

Le Nouveau Testament dit le contraire : l'action de Dieu ne consiste pas à nous faire mourir pour nous appeler à lui, mais à nous appeler à Lui depuis la mort. Dieu nous appelle à Lui, quand Il nous rappelle « de la mort à la vie ». Dieu nous appelle de la mort à la vie, comme il nous a appelés du néant à l'existence dit Paul (Romains 4). D'où l'expression de Jésus : Il nous re-ssuscite, il nous relève d'entre les morts.

Sur la mort, nous n'avons pas de discours scientifique. Car il n'y a de connaissance scientifique que par expérience, et sur la mort on ne peut expérimenter. Il suffit, pour le vérifier, d'ouvrir les dictionnaires qui définissent la mort comme... « la fin de la vie », son contraire, et la vie comme ce qui précède la mort... Ce n'est pas une définition : c'est une tautologie, un aveu d'ignorance, un constat de nos limites.

Les médecins savent qu'ils ne peuvent plus identifier la mort avec l'arrêt des fonctions vitales... puisqu'ils font fonctionner des machines qui les assument presque aussi longtemps qu'on le veut. Ils identifient donc la mort, de manière pragmatique, avec l'arrêt des soins – fussent-ils palliatifs. L'arrêt des soins serait-il devenu la seule définition de la mort communément admise ? D'où la question de l'euthanasie posée par l'opinion publique au corps médical : « Pourquoi ne pas arrêter les soins POUR provoquer la mort ? »...

Devant la pauvreté du langage scientifique et la fragilité de la pratique médicale, je trouve plus de sens et d'humanité dans le langage des arts et des religions, qui sont les plus anciens savoirs de l'humanité. Ils parlent de la mort par métaphore : le voyage, l'absence, la pièce d'à côté, le sommeil... Cette dernière comparaison est la métaphore préférée de Jésus et de Paul. « Lazare dort, mais je vais aller le réveiller... » (Jean 11). « Ceux qui se sont endormis dans le Christ... » (1 Co 15).

Si la seule connaissance réelle que nous pouvons avoir de la mort est celle que suggèrent les arts et les religions, ne tordons pas les religions, n'oublions pas les arts !

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