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Nouvelle donne et flou politique
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Nouvelle donne et flou politique

RCF,  -  Modifié le 15 juin 2018
Il est difficile de sélectionner un thème d'actualité, tant elle est riche. Charles de Marcilly revient sur trois paradoxes de la nouvelle donne européenne et sur le flou politique à venir.
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Nous sommes dans un temps d’incertitudes et les dernières coalitions gouvernementales en Autriche ou en Italie illustrent le besoin d’actualiser nos grilles de lecture. Trois éléments méritent de s’y arrêter, les coalitions incongrues, la question du temps de l’action et de la réflexion, et enfin en quoi les dernières campagnes électorales accouchent d’un paradoxe : on vilipende Bruxelles quand nous sommes dans l’opposition, nous en appelons à son action une fois au pouvoir !

La première réflexion porte sur un discours classiquement qualifié de « populiste », c’est le retour de la voix populaire. Et oui, on consulte, on tape aux portes, ON veut savoir ce que les européens pensent, que ce soit sur la gouvernance de la zone euro ou la politique agricole commune. Mais faute de majorité claire, les partis créés des alliances de circonstance : ON organise une coalition, qui s’appuie sur un programme assez large, permettant à chaque camp d’y retrouver une mesure phare, symbolique. Cela bouscule nos repères classiques, le ni droite ni gauche serait-il la nouvelle norme ? Et si le système présidentiel français permet une certaine prévisibilité, les systèmes s’appuyant sur la construction de majorités parlementaires pour gouverner offrent des situations nouvelles qui vont compter dans les mois qui viennent.

Car cela modifie les rapports de force à Bruxelles, les équilibres ne sont plus ceux que nous connaissions et les élections européennes de l’année prochaine en sont d’autant plus incertaines. Qui gouverne avec qui, ou plutôt qui s’associe avec qui pour les prochains mois ? En Italie, les ministres 5 étoiles et ceux de la ligue du Nord sont plus importants que le Premier ministre qui en quelque sorte aura le rôle d’un notaire : signer les actes. Les ministres de l’intérieur allemand, autrichien et italien créent un axe contre l’immigration illégale… Aussi la hiérarchie de la responsabilité est bousculée. Emmanuel Macron reçoit le Premier ministre italien, mais est-il toujours le bon interlocuteur ? 

De plus, chaque parti de la coalition souhaite obtenir des résultats tangibles très rapidement… Et là c’est l’espace-temps qui est bouleversé. Est-ce le temps de l’urgence ou est-il urgent de prendre le temps ? Les gouvernements en appellent à Bruxelles pour trouver des solutions et font des coups de com’ pour faire réagir. Le bateau Aquarius en est un bon exemple…mais le temps de la création juridique européenne est un temps long même s’il s’est raccourci ces dernières années. Mais pour ces nouveaux partis de gouvernement, l’essentiel est de montrer que l’on a des résultats, surtout à court terme… quitte à être de mauvaise foi : Bruxelles était le problème avant que je ne sois au pouvoir, maintenant que je suis au gouvernement j’appelle les européens à être solidaires. Cela doit s’appeler le réalisme en politique…

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