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"Parce que c’était lui, parce que c’était moi"
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"Parce que c’était lui, parce que c’était moi"

RCF,  -  Modifié le 12 février 2019
Retrouvez chaque semaine la chronique philosophie de Laurence Devillairs.
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Oui, j’avoue, et je fais d’emblée mon mea culpa, je vais succomber à la mode, plus américaine que française, de la saint Valentin. Parce que derrière les déclarations, les cadeaux et les fleurs, il y a une
question brûlante : est-ce que quelqu’un m’aime ? 

Telle est la question brûlante : est-ce que quelqu’un m’aime, moi, tel que je suis ? Comme si c’était à l’autre, celui qui m’aime, de me dire qui je suis, et de régler, une fois pour toutes, la question de savoir qui je suis. Je suis celui que l’on aime. Et cet amour me donne à moi-même. Sans lui, j’aurais été condamné à ne jamais vraiment savoir qui je suis. L’amour me révèle à moi-même. Mais il y a plus que cela, parce que ces découvertes de soi ne sont pas l’apanage de l’amour : la solitude, le chagrin, l’action me révèlent aussi à moi-même.

Qu’est-ce qu’il y a en plus dans l’amour ?

Dans l’amour, il y a l’idée que je suis élu. Que je suis l’élu. Ne dit-on pas d’ailleurs de l’être aimé qu’il est « l’heureux élu » ? Aimer, c’est élire quelqu’un, le sortir de l’anonymat, le désigner comme
irremplaçable, inimitable. C’est l’aimer parce qu’il est ce qu’il est, et c’est tout. "Parce que c’était lui, parce que c’était moi", cette déclaration de Montaigne est la déclaration par excellence : on veut toujours être aimé pour ce que l’on est.

Car alors on n’est plus un parmi tant d’autres mais on est différent de tout autre –unique. C’est ce qui explique d’ailleurs la douleur incommensurable du chagrin  d’amour. Ah, oui, parce que ça finit mal…
Pas nécessairement, mais quand il finit, l’amour fait mal. Un mal qu’on ne peut comparer qu’au deuil. A cette différence que, dans le deuil, l’autre est mort pour moi, alors que, dans le chagrin d’amour, c’est moi qui suis mort pour l’autre. D’heureux élu, je suis redevenu un parmi d’autres.

C’est pourquoi, selon Spinoza, c’est l’amour et rien d’autre qui nous procure les plus grands tourments. Mais pour l’heure, soyons heureux, et… joyeuse saint Valentin.

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