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​Pour Akram Belkaid, "Bouteflika est le symbole d’un système en bout de course"
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​Pour Akram Belkaid, "Bouteflika est le symbole d’un système en bout de course"

RCF,  -  Modifié le 6 mars 2019
La nouvelle candidature du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a soulevé une vague d’indignation en Algérie, mais également en France.
Stéphanie Gallet RCF Stéphanie Gallet RCF

Dimanche dernier, l’équipe du président algérien annonçait la candidature à l’élection présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika. Actuellement soigné en Suisse, et âgé de 84 ans, le président est donc candidat à sa réélection après vingt ans de pouvoir. Une nouvelle candidature qui a provoqué plusieurs manifestations de colère en Algérie, mais également en France, où la communauté algérienne est conséquente.
 

Le régime algérien empêche le pays de décoller

Pour Akram Belkaid, journaliste algérien vivant en France depuis 1995, journaliste au Monde diplomatique, chroniqueur au quotidien d’Oran, et auteur de "L’Algérie en 100 questions" (éd. Tallandier), l’Algérie a un potentiel extraordinaire, mais qu’il est gâché, ou plutôt empêché, comme l’explique le sous-titre de son dernier ouvrage. "L’une des principales causes, c’est la nature du régime algérien, qui corsette la société et qui finalement empêche ce pays de vraiment décoller. C’est un pays qui a énormément de possibilités, de richesses, un capital humain extraordinaire, et qui est à un niveau de développement indigne de ses possibilités et de ses moyens".

Concernant la nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika, Akram Belkaid lance que le président algérien est "peut-être candidat à l’insu de son plein gré. On ne sait pas. Pour dire les choses franchement, on ne sait rien. Il y a plusieurs hypothèses, l’une d’elles est qu’il ne serait même pas au courant de sa propre candidature. Ce qui entretient le doute, c’est que cet homme ne s’est pas adressé aux Algériens depuis des années. On ne l’entend pas. Les autorités nous affirment qu’il est en forme mais des preuves tangibles, jusqu’à présent, on n’en a pas eues".
 

Une répartition du pouvoir entre plusieurs clans

Au-delà de l’homme, c’est tout le système politique algérien qui est dans l’œil du cyclone. Le président algérien est pour le journaliste, "le symbole d’un système qui arrive en bout de course. Un système qui a du mal à se renouveler". Se pose alors la question suivante, en 33ème place dans le dernier ouvrage d’Akram Belkaid : qui détient le pouvoir en Algérie ? Pour le journaliste, "personne ne détient vraiment le pouvoir en Algérie. C’est une répartition entre plusieurs clans, le clan présidentiel bien sûr, mais aussi l’armée, les services de sécurité et les nouveaux acteurs que l’on appelle les forces de l’argent".

Qui dit argent, dit corruption. Pour Akram Belkaid, "elle fait des ravages en Algérie. On ne peut pas comprendre l’Algérie si l’on ne comprend pas que c’est un pays où il y a une rente pétrolière, de l’argent qui tombe du ciel. C’est dans le contrôle de ce genre de postes de corruption que se déroulent les batailles entre les clans. Il n’y a pas d’idéologie".
 

"Ce régime est capable de tout"

Face à cela, le panorama de la presse est multiple : il y a une presse papier indépendante, de nouveaux médias liés à l’émergence d’Internet et des réseaux sociaux, et une presse aux ordres, muselée. Ce sont les réseaux sociaux qui ont permis de relayer les manifestations récentes des Algériens. "Ces manifestations ont une dimension nationale" lance Akram Belkaid.

Evoquant l’avenir de l’Algérie, le journaliste explique que l’opposition réelle, et non pas l’opposition de façade est très affaiblie. "La transition c’est une vraie question aujourd’hui. Les gens commencent à réfléchir, mais ce régime est capable de tout, y compris avoir recours à la violence. C’est un régime envers qui il ne faut absolument pas avoir confiance" conclut-il.

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