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Pour Amnesty International, "les États ne sont plus garants des droits humains"
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Pour Amnesty International, "les États ne sont plus garants des droits humains"

RCF,  -  Modifié le 23 février 2018
Amnesty International publie jeudi 22 février son rapport annuel sur la situation des droits à travers le monde. Un rapport qui fait écho notamment à la situation en Syrie.
©Pierre Morel & Cyril Marcilhacy  ©Pierre Morel & Cyril Marcilhacy

Ghouta orientale: "la population est prise en otage"

En Syrie, le régime de Bachar el-Assad continue de bombarder la Ghouta orientale. Résultat, près de 300 morts, des civils, dont de nombreux enfants. "On dénonce à nouveau la situation humanitaire dans la Ghouta orientale. Le gouvernement syrien soutenu par la Russie bombarde et affame ses propres populations qui sont assiégées depuis des mois. On va interpeller le gouvernement pour qu’il permette une évacuation immédiate des populations. Il y a notamment 500 personnes civiles, malades ou blessées, qui attendent une prise en charge médicale" explique â€‹Catherine Gaudard, directrice de l’action chez Amnesty International France.

Face à cela, la communauté internationale tente de réagir. "Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté il y a plus d’un an deux résolutions pour alléger les souffrances des  civils mais de fait, il est aujourd’hui paralysé par la Russie qui bloque toute mesure. Il faudrait que le Conseil de sécurité impose des sanctions ciblées contre toutes les parties. La population est prise en otage entre des parties hostiles et le Conseil de sécurité est paralysé. On a besoin d’interpeller pour faire bouger les lignes" ajoute Catherine Gaudard.
 

Les États ne sont plus garants des droits humains

Amnesty International publie ce jeudi son rapport annuel. L’ONG a étudié la situation des droits dans près de 159 pays. A lire ce rapport, on a l’impression que quel que soit le lieu où on se tourne, la situation des droits se dégrade. "Absolument. Depuis 70 ans et l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est un combat quotidien pour faire respecter ces droits. On constate que les États eux-mêmes ne sont plus garants du respect de ces droits. Le respect des droits continue de dépendre de nous tous au quotidien" lance la directrice de l'action chez Amnesty International France.

Les discours de haine se multiplient

Amnesty International dénonce notamment dans son rapport la multiplication des discours de haine. Donald Trump est particulièrement visé. "Les propos de Donald Trump ont été beaucoup répercutés dans la presse du monde entier et ont eu un impact majeur sur la vision des droits humains. Donald Trump n’a eu aucun scrupule à s’en prendre aux droits de millions de personnes, il a multiplié les discours de haine. Ce qui fait chaud au cœur, c’est l’esprit de résistance aux États-Unis" précise-t-elle.

Catherine Gaudard explique néanmoins qu’il ne faut pas se focaliser sur les États-Unis, qui ne sont pas un cas isolé. Amnesty International cible également la Hongrie où "ses dirigeants ont eu des propos tout aussi haineux à l’encontre des réfugiés, des populations LGBT. En Pologne, on a aussi des attaques contre les droits des femmes. En Australie également". Amnesty International s’inquiète également de la situation en Russie. Ce pays est en pleine année électorale, pour Vladimir Poutine notamment. "Toutes les personnes qui dénoncent les violations des droits ou critiquent Vladimir Poutine prennent le risque de subir des violences, d’être arrêtées, voire de disparaître. Les ONG sont continuellement harcelées par les autorités" analyse Catherine Gaudard.

Les États face à la crise migratoire

Autre point soulevé par le rapport d’Amnesty International, la crise migratoire. "Les migrants sont effectivement un vrai défi pour les Etats du monde. On ne pourra pas stopper cette crise, ces gens qui fuient les conflits. Or aujourd’hui le réflexe de beaucoup d’Etats, y compris de l’Union européenne, c’est de fermer les frontières, de s’enfermer, d’essayer de résister et de passer des accords avec des pays qui violent les droits de ces réfugiés comme en Libye ou en Turquie" lance la directrice de l'action chez Amnesty International France.

Pour Amnesty International, l’illustration de ce comportement en France, c’est le projet de loi asile et immigration. Les associations sont vent debout contre ce texte et dénoncent un durcissement du droit en la matière. Amnesty International fait partie de ces contestataires. "Ce que l’on va dénoncer, c’est que dans cette loi, il y a certes quelques mesures protectrices, mais elle met en place des restrictions et des contrôles renforcés, elle impose des délais plus courts. Tout cela n’est pas digne d’une France respectueuse des engagements qu’elle a pris au niveau mondial" conclut Catherine Gaudard.

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