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Pour Claude Martin, "le couple franco-allemand est (encore) le moteur de l’Europe"
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Pour Claude Martin, "le couple franco-allemand est (encore) le moteur de l’Europe"

RCF,  -  Modifié le 19 juin 2018
Le 20ème Conseil des ministres franco-allemand se tient actuellement à Berlin. Le premier avait eu lieu en 2003.
D.R D.R

Claude Martin est diplomate, artisan de la construction européenne, ancien responsable des affaires européennes au Quai d’Orsay à partir de 1994 avant d’être ambassadeur de France en Allemagne jusqu’en 2007, auteur de "La Diplomatie n’est pas un dîner de gala" (éd. de l’Aube). Il a, en 2003, activement participé à la préparation du premier Conseil des ministres franco-allemand.
 

Redonner une impulsion aux relations franco-allemandes

"J’ai même participé à l’invention de ce conseil. Depuis deux décennies on se réunissait entre Français et Allemands dans des réunions très lourdes qu’on appelait des sommets. Fin 2002, Jacques Chirac a souhaité redonner une impulsion aux relations franco-allemandes. J’ai soumis quelques idées, et la première était d’en finir avec ces sommets très lourds, très rituels, un peu pompeux" explique Claude Martin.

Beaucoup doivent ignorer comment se déroule une telle réunion. Pour Claude Martin, c’est pourtant très simple. "C’est comme un Conseil des ministres français sauf que chaque homologue allemand est là. Ce sont des réunions de travail et les couples de ministres rapportent sur leur travail commun. Tous les ministres ne peuvent pas être là. Cela ferait trop de monde. On choisit ceux qui font du bon travail. Il y a des interprètes, et l’on ne parle pas en anglais" ajoute l’ancien diplomate.
 

Un moteur contesté, mais un moteur quand même

Ce dernier rappelle l’ambition du général de Gaulle, de vouloir améliorer la connaissance des uns et des autres. D’où la nécessité d’employer la langue maternelle de chacun, "et surtout pas l’anglais". A l’époque, chacun employait la langue de l’autre. "Hélas, ce n’est plus le cas. Angela Merkel ne parle pas allemand. Emmanuel Macron parle quelques mots d’allemand. Ce qui arrive quand les deux se trouvent ensemble, ils parlent anglais. Alors que l’idée, l’objectif, le rêve, serait que chacun puisse parler la langue de l’autre. Derrière la langue, c’est la compréhension de l’autre" lance encore Claude Martin.

Pour l’ancien diplomate, le couple franco-allemand actuel n’est pas en grande forme. "Il ne va pas très bien pour deux raisons. Depuis dix ans, la relation franco-allemande était quasiment en panne. Aussi bien sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy que de François Hollande, les relations étaient médiocres, voire plates. On peut dire qu’Emmanuel Macron a tout de suite senti qu’il fallait relancer cette machine. C’est un moteur qui a été contesté, mais c’est encore le moteur de l’Europe" explique Claude Martin.
 

Le couple franco-allemand, une idée géniale

"Depuis l’origine, le couple franco-allemand est une idée géniale. C’était un peu la fable de La Fontaine, du laboureur et des enfants. Nous sommes totalement en opposition l’un avec l’autre, du point de vue culturel, des traditions, des priorités, du climat. Si la France et l’Allemagne arrivent à construire une esquisse de compromis européen, c’est forcément le compromis le plus équilibré que tous les autres peuvent accepter" rappelle l’ancien diplomate.

Migrants, Brexit, montée des populismes. L’Europe est aujourd’hui confrontée et malmenée à plusieurs titres. "Ce sont plusieurs problèmes qui se tiennent les uns les autres. Le Brexit, c’est pour beaucoup un problème britannique. Depuis que la Grande-Bretagne est entrée dans l’Europe, nous avons su faire à son égard tous les gestes qu’il fallait pour qu’elle se sente à la fois britannique et européenne. Malgré cela, il y a eu ce choc, dû aux gouvernements successifs britanniques. Les vrais défis, ce sont les populismes et des migrants. Il faut traiter le problème des migrations d’une part, et celui de la monnaie et de l’Union économique" conclut Claude Martin.
 

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