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Pour un grand débat utile
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Pour un grand débat utile

RCF,  -  Modifié le 7 février 2019
Dans son édito du mercredi François Mandil revient sur le grand débat national.
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Est-ce que les scouts débattent ? 

Bien sûr ! C’est même une de nos spécialités. Un mouvement d’éducation populaire comme le scoutisme apprend à élaborer des choix collectifs pour l’intérêt général. Ce n’est pas simple. Il faut tout autant apprendre à s’exprimer qu’apprendre à écouter. Il faut réussir parfois à « penser contre soi-même », à remettre en cause ses convictions et accepter de reconnaitre devant les autres que l’idée de l’autre était meilleure. On sait qu’un débat, pour qu’il aboutisse, doit avoir des règles, on doit savoir comment les décisions seront prises à la fin. Alors évidemment, comme beaucoup de monde, les membres des Scouts et Guides de France participent aux réunions du grand débat national.
 
Et visiblement, les Français participent beaucoup !
 
Oui, et ce n’est pas surprenant. Les Français aiment la politique, aiment débattre. Hélas, la CNDP, la Commission nationale du débat public, l’instance officielle de l’Etat conçue pour les concertations, a été écartée parce que sa directrice, Chantal Jouanno, posait trop d’exigences démocratiques. Pour autant, les grandes coordinations d’associations font le pari de la réussite. Elles veulent croire en ce grand débat et elles le soutiennent en soulignant plusieurs points d’attention.

Tout d’abord, bien permettre la participation de tous et toutes. On sait par exemple qu’il y aura une conférence de consensus avec uniquement des jeunes tirés au sort. Notre souhait, c’est aussi qu’il y ait un nombre minimal de jeunes tirés au sort dans chaque conférence, volonté portée également par Gabriel Attal, le secrétaire d’Etat à la jeunesse.
 
Ensuite, l’atterrissage du débat. Sur quoi est-ce que tout cela va aboutir ? Il y a déjà aujourd’hui, à mi-chemin, pas loin de 700.000 contributions ! C’est énorme. Il va falloir les traiter, les analyser … Il ne pourra pas y avoir de prise de décisions majeures dès la fin de la phase de débat. Nous sommes nombreux à penser que la solution du référendum n’est pas la bonne. On ne peut pas résumer de tels débats par une question à laquelle il faudrait répondre oui ou non. Et surtout, il serait catastrophique de détourner le calendrier électoral en organisant le référendum le même jour que les élections européennes. Ce serait la meilleure façon de faire totalement disparaitre les enjeux européens derrière un référendum pour ou contre Emmanuel Macron. L’Europe mérite mieux que ça.
 
Enfin, la prise en compte des remontées. Mohammed Mechmache, le créateur du collectif AC Le Feu, un mouvement d’éducation populaire et de jeunesse né après les révoltes urbaines de 2005, rappelait récemment que leur participation au débat consisterait à remonter les propositions écrites à l’époque. Ces contributions n’ont jamais été prises en compte sauf dans le plan Borloo pour les banlieues, plan unanimement salué par les acteurs … et écarté sans ménagement par Emmanuel Macron. Si je prends cet exemple, c’est pour souligner à quel point il serait catastrophique que ce débat ne débouche sur rien, si les contributions restent sans réponse. Ce serait nourrir le sentiment de manipulation et éloignerait encore un peu plus les citoyens de la construction collective de notre cadre de vie.
Ce débat a fait naître de grandes attentes démocratiques, le gouvernement doit se montrer à la hauteur. 

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