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"Pour une société de progrès"
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"Pour une société de progrès"

RCF,  -  Modifié le 6 février 2019
Chaque lundi Antoine Guggenheim vous propose son éditorial.
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"Il n’y a que la fraternité qui permette à ce monde de vivre. Dans cette solitude inouïe de notre humanité, s’il n’y a pas la fraternité, notre monde est une horreur absolue" (Philippe Pozzo di Borgo, Toi et moi, j’y crois, Bayard, 2016).

On fêtait ce week-end le 25ème anniversaire de l’association Démocratie et Spiritualité dont l’objectif est de revaloriser le lien entre l’inspiration politique et l’inspiration spirituelle, toutes deux au cœur de l’engagement chrétien et humaniste pour une société de progrès.

Nos sociétés souffrent d’un manque d’humanité. Depuis que l’espoir du progrès a quitté l’horizon de nos sociétés, un impératif l’a remplacé : innover. Mais l’idée d’innovation, au contraire de celle de progrès, n’a pas en soi de valeur éthique. Innover pour qui ? Pour quoi ? On ne le dit pas ! Comment orienter l’innovation, comment la responsabiliser, comment la mettre au service de l’humain ?

Pour donner du sens à l’innovation, il faut d’abord repérer les différents lieux complémentaires de l’innovation. Dans les expériences que nous faisons avec UP for Humanness, nous avons repéré trois lieux d’innovation et nous travaillons à les mettre en relation. C’est en croisant les expériences que l’on peut retrouver l’unité de nos êtres et de nos sociétés menacés de fragmentation. 

L’entreprise est aujourd’hui le lieu de l’innovation technologique. C’est une nécessité qui est imposée par la concurrence bien sûr, par la loi du marché, par l’accélération du temps par la révolution industrielle du virtuel. L’innovation est enivrante, mais aussi affolante. Comment l’innovation continuelle peut-elle être durable ? Comment met-elle l’humain au centre ?

L’université est le lieu où l’on cherche à comprendre l’humain, la société et le monde. Le savoir s’y accumule, mais il ne circule pas au bénéfice de tous. Pour qui les savants cherchent-ils ? Pour quoi publient-ils ? Il faut remettre l’université au centre du village, comme la fontaine où tous viennent partager l’eau vive de la connaissance. Garder les pieds dans la glaise grâce au dialogue entre l’expérience et la réflexion. Il faut faciliter le croisement des savoirs au-delà des exclusions – comme on le dit chez ATD. Car nous sommes tous chercheurs.

Les associations de service des personnes les plus vulnérables sont aujourd’hui les lieux de l’innovation humaine et sociale. On y apprend non seulement à n’exclure personne du lien social, non seulement à apporter à chacun l’aide dont il a besoin pour exprimer et développer ses capacités de relation et d’invention, mais on y apprend à participer, chacun à son rythme, à la vie des autres, à la production et à l’échange des dons. Ces associations ont, parfois depuis cinquante ans et plus, l’expérience d’un partage de vie, d’un art de la relation qui fait cruellement défaut dans l’entreprise, comme dans l’université. 

Les associations de service elles aussi ont besoin de sortir de militances ou de les querelles internes. Reliées entre elles pour animer un territoire par leurs diversités, reliées aux entreprises et aux universités, les associations de service sont les partenaires indispensables d’une civilisation humaine juste, durable et féconde, dont la loi est la collaboration et non la compétition. Comme le disait le philosphie Martin Buber, "l'humanité commence dans la rencontre du Je et du Tu". 

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