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Pouvons-nous aimer l’islam?
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Pouvons-nous aimer l’islam?

RCF,  -  Modifié le 18 mars 2019
​L’actualité internationale, au Proche-Orient comme aux antipodes, en Nouvelle-Zélande, nous interroge sur notre vision de l’islam et de ses relations au judaïsme et au christianisme.
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Trop de violences atroces sont commises par des ignorants se réclamant de l’islam pour que nous ne nous interrogions pas : comment et pourquoi pourrions-nous aimer l’islam ? Aimer les musulmans ne devrait pas être une question : quels que soient les reproches que nous pouvons faire à la théologie musulmane conservatrice et littéraliste, à ses affinités avec l’idéologie délirante des terroristes et de leurs inspirateurs criminels, nous savons combien de musulmans en sont, partout dans le monde les premières et les plus abondantes victimes. Ce à quoi nous assistons, et dont nous subissons les conséquences dans notre chair et notre esprit, c’est d’abord une guerre de religion interne à l’islam et exacerbant les divisions de son histoire. Or nous savons que les personnes valent mieux que leurs religions.

L’attentat de Christchurch, s’il n’a rien à voir, autant que je sache, avec le christianisme mais avec le fascisme, est pourtant une occasion d’interroger les chrétiens de la rue, mais aussi les penseurs chrétiens, sur la manière dont ils "dévisagent" désormais l’islam. Les chrétiens ont parfois le sentiment d’avoir fait ce qu’il faut pour nouer des relations respectueuses et fraternelles avec les Juifs – cela serait à vérifier dans le concret de la solidarité quotidienne quand l’antisémitisme s’en prend à nouveau aux personnes et à leur appartenance à la France. Mais sommes-nous si justes que cela dans notre jugement sur l’islam ? Comment distinguer critique légitime et islamophobie ?

Le philosophe Emmanuel Levinas nous propose un vocabulaire précieux pour apprécier et critiquer notre relation à l’autre : est-ce que je le "dévisage", comme un intru fascinant et repoussant ? Est-ce que je l’"envisage" comme un frère que je rencontre vraiment et qui me révèle à moi-même ?

Une des questions les plus urgentes pour chacune de nos traditions « sœurs » et pour le monde dans lequel elles vivent et se transmettent est d’apprendre à ne plus se "dévisager" l’une l’autre – dans l’insulte bruyante, ou le silence méprisant – mais à "envisager" l’autre dans sa proximité et sa différence, pour chercher et construire ensemble une fraternité qui est notre vocation. Or, la fraternité s’exprime dans des structures de solidarité et de considération, mais elle s’incarne dans la transformation intérieure des cœurs. Le récit biblique de la Genèse d’ailleurs pourra nous y aider si nous l’étudions ensemble de "Caïn et Abel" à "Joseph et ses frères".

Pour certains chrétiens, dont les disciples de Louis Massignon, illustre savant et prêtre catholique, nos traditions juive, chrétienne et musulmane doivent apprendre à "s’envisager" l’une l’autre, comme les trois Personnes divines, dont chaque tradition porte d’ailleurs une ressemblance particulière : le judaïsme avec le Père, le christianisme avec le Fils et l’islam avec le Saint-Esprit.

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