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RDC: pour le père P-Y Pecqueux, "l’Eglise a toujours été engagée" dans la transition démocratique
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RDC: pour le père P-Y Pecqueux, "l’Eglise a toujours été engagée" dans la transition démocratique

RCF,  -  Modifié le 24 janvier 2018
Retour sur la situation politique en République Démocratique du Congo avec le père Pierre-Yves Pecqueux, secrétaire général adjoint de la CEF et spécialiste de l'Afrique.
Père Pierre-Yves Pecqueux - Eglise catholique de France Père Pierre-Yves Pecqueux - Eglise catholique de France

Le père Pierre-Yves Pecqueux s’intéresse depuis longtemps à la place de l’Église dans le processus de transition démocratique, dans plusieurs pays d’Afrique, et notamment en République Démocratique du Congo.
 

La RDC, une "prison à ciel ouvert"?

Dimanche dernier, en RDC, une grande marche pour la démocratie a été organisée et se met en route à la sortie des messes. Elle a été vivement réprimée par les autorités locales. "Elle vient affirmer le désir de la population de voir appliquer les décisions du 31 décembre 2016, décisions qui n’ont pas été appliquées puisque normalement des élections devaient avoir lieu avant la fin de l’année 2017. Il semble que ces marches ont été réprimées par des gaz lacrymogènes, par des interdictions de se former, mais aussi avec des tirs, causant quelques morts" explique le père Pierre-Yves Pecqueux, secrétaire général adjoint de la CEF et spécialiste de l'Afrique.

Une réaction de l’État dénoncée dimanche dans une lettre par le cardinal de Kinshasa, Mgr Monsengwo, décrivant la RDC comme une "prison à ciel ouvert". "Il faut placer cela dans son histoire. L’Église de la RDC est une Église qui a toujours été engagée pour que justice et paix se réalisent. C’est l’un des pays où les groupes justice et paix sont les plus nombreux tant dans chaque diocèse que dans chaque paroisse. Les chrétiens sont mobilisés pour que soit appliquée une vie meilleure qui respecte la Constitution" ajoute le père Pierre-Yves Pecqueux.
 

Le pays s'appauvrit de plus en plus

Ce dernier précise également qu’à l’occasion de cette marche, les musulmans ont pris position aux côtés des chrétiens. "C’est quand même une position relativement nouvelle que cette affirmation des responsables musulmans auprès de l’Église catholique" explique-t-il notamment. Il faut dire que cela fait des années que ce pays s’enfonce dans la dictature et la répression. "Il s’enfonce car il ne respecte pas ni les conditions démocratiques, ni les conditions d’un développement économique pour l’ensemble de la population" dénonce également le père Pierre-Yves Pecqueux.

On aurait pu entrevoir une porte de sortie, pourtant, depuis le 31 décembre 2016 lors d’accords signés sous la houlette de l’Église catholique. A cette date, l’État et les partis politiques s’étaient engagés à ce qu’il y ait des élections en 2017. Des élections qu’on attend toujours. "Des accords ont été arrachés difficilement. C’était une situation difficile et une signature de la dernière chance pour beaucoup. Mais le soupçon du non-respect était déjà chez ceux qui ont signé. La population va de déception en déception. Le pays s’appauvrit de plus en plus et cette déception ne fait qu’alimenter le ras-le-bol" analyse ce spécialiste de l’Afrique.

"Les chrétiens de France ne se rendent pas compte de leur chance"

Au-delà de la RDC, l’engagement de l’Eglise est également très présent dans d’autres pays d’Afrique. "Vous avez un certain nombre de pays d’Afrique centrale où l’Église est engagée, par exemple avec le cardinal Nzapalenga en République centrafricaine, et qui essaie au jour le jour ce dialogue permanent avec les musulmans et les protestants, et qui se débat avec une présence internationale de plus en plus ténue et qui ne soutient pas, et puis un gouvernement très fragile" lance-t-il.

"Les chrétiens en France ne se rendent pas compte de la chance du pays dans lequel ils vivent. On peut parler, agir, se réunir. Dans un certain nombre d’autres pays, ce n’est pas possible. Saisissons-nous vraiment cette chance ?" conclut le père Pierre-Yves Pecqueux.

 

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