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Retour sur l'affaire Dreyfus
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Retour sur l'affaire Dreyfus

RCF,  -  Modifié le 13 novembre 2019
La sortie en salle aujourd’hui du nouveau film de Polanski, J’accuse, replonge le spectateur dans l’univers de l’Affaire Dreyfus : une structure de mensonge qui accuse
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Le film est au demeurant centré sur la figure du colonel Picquart, personnage clef dans la réhabilitation de l’infortuné Dreyfus qui avait été condamné fin 1894 pour avoir transmis des informations secrètes à l’Allemagne. Il nous plonge dans les mœurs antisémites de toute une époque, et notamment d’une armée qui a voulu préserver son intérêt au détriment de la justice et de la vérité.

Volontiers antisémite par tradition (on frémit de prononcer ces mots), l’armée a trouvé en Dreyfus un coupable parfait et Picquart lui-même, lors de la condamnation de Dreyfus, trouvait naturel qu’un traître à la patrie fût juif.

La force du film est de montrer comment un homme qui n’était pas indemne de ces préjugés, devant la réalité, a su faire face à ce que l’on n’appelait pas encore l’omerta. Quand il découvre les indices de la culpabilité du commandant Esterhazy, notamment ce fameux « petit bleu » dont l’écriture était la même que celle du bordereau qui avait fait accuser Dreyfus, Picquart informe sa hiérarchie qui lui demande d’oublier Dreyfus. L’armée refuse alors de reconnaître au grand jour qu’elle a fait accuser un innocent et s’enlise dans le mensonge.

Dans la ligne de quelques grands dreyfusards comme Péguy ou Bernard Lazare, se refusant à faire de leur engagement un outil de combat antimilitariste, Picquart croit que la vérité et la justice dépassent tout esprit de corps, et qu’il s’agit de l’honneur de la France, mais aussi de celui de l’armée. Contre le système, un homme se lève, à ses risques et périls et dit non.

Ce refus du mensonge, cette volonté de faire la lumière sur ce qui abîme ce qui nous est le plus cher me fait songer à un autre corps malade, aujourd’hui. Il s’agit de notre Église, engluée dans l’abomination des abus spirituels et sexuels que beaucoup, clercs ou laïcs, ont cru protéger en gardant le silence. L’histoire dira que ceux qui ont parlé, qui ont d’abord songé à la défense des victimes et au triomphe de la vérité, qui sont souvent restés envers et contre tout dans le navire qui menaçait de couler, lui ont évité le déshonneur et l’effondrement complet. Pour cela, nous pouvons leur manifester notre admiration et notre gratitude.

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