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Saint Valentin, les bijoux et le pape
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Saint Valentin, les bijoux et le pape

RCF,  -  Modifié le 12 février 2018
De nos jours, plus grand monde ne prête attention au calendrier des saints. Mais une date reste connue de tous, et c'est dans deux jours… la saint Valentin évidemment !
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On a beau lire l’hagiographie des saints prénommés Valentin, on peine à comprendre pourquoi il est devenu le symbole des amoureux : ils ont tous fini martyrs ! Mais pour beaucoup, ce 14 février sera l’occasion d’exprimer leur flamme, et malgré la dimension commerciale de la fête, les moments dans nos vies pour célébrer ce que nous avons de plus cher sont suffisamment rares pour ne pas moquer ce rituel.

C’est donc la fête des « gens qui s’aiment ». Comme le chante William Sheller, « Ils ont un monde à eux », et c’est heureux, qu’ils le cultivent ! Mais attention, les amoureux ne vivent pas non plus hors du monde. C’est ce que rappelle Human Rights Watch : l’association de défense des droits de l’homme constate que, lors de la saint Valentin, les gens dépensent 4 milliards d’euros en bijoux ! Mais que ces bijoux ont un « coût caché » [1] lié à l’extraction de l’or et du diamant : déplacement forcé de peuples autochtones, conditions de travail extrêmement périlleuses pour les mineurs – dont certains sont des enfants, enrichissement de groupes armés qui terrorisent les civils, usage massif de produits chimiques toxiques qui polluent les cours d’eau et les sols…[2]

L’inventaire fait froid dans le dos. Encore des rabat-joie, me direz-vous, qui viennent gâcher la fête ? Je ne crois pas : Human Rights Watch ne dit pas qu’il faut arrêter d’acheter des bijoux. Au contraire, ils ont analysé les pratiques de 13 grandes marques, et montrent que si certains joaillers ferment les yeux, d’autres au contraire montrent l’exemple. Ainsi, Tiffany est capable de retracer son or jusqu’à la mine et d’évaluer l’impact sur les droits humains. Pandora fait preuve d’une transparence exemplaire. Et Cartier acquiert tout son or dans une mine « modèle » au Honduras. Alors Human Rights Watch invite, simplement, les amoureux à exiger des garanties de leur joailler.

Au fond, l’invitation ne rejoint-elle pas celle du pape François dans Laudato Si’, quand il appelle à « la responsabilité sociale des consommateurs », pour que les entreprises « se trouvent contraintes à produire autrement » ? Pour les chrétiens, en effet, « Acheter est non seulement un acte économique, mais aussi un acte moral’ ». Autrement dit, il y a de bonnes et de mauvaises façons de consommer : par l’acte d’achat, on entre d’une certaine façon en relation avec la nature, et avec les personnes engagées dans la chaîne de production. Finalement, le pape en appelle à « la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté » du reste de la Création. La conscience amoureuse… c’est très « saint Valentin », ça, non ?

[1] Human Rights Watch, « Le coût caché des bijoux », février 2018.
[2] L’inventaire est dressé par 29 associations dans un appel commun aux sociétés de joaillerie lancé le 8 février 2018.

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