Un chantier énorme puisqu’il s’agit rien moins que d’organiser des activités, formations, engagements pour 800.000 jeunes par an, toute une classe d’âge. Est-ce que vous connaissez les dates de la grande consultation nationale sur le sujet ? Non ? Et bien, c’est en ce moment même ! On approche même de la fin. Ce chantier immense est en train de passer totalement en dehors des radars ! Il va y a voir quelques rencontres locales avec une cinquantaine de jeunes, et début octobre, une enquête en ligne ouverte une semaine qui validera ce qui est déjà décidé. Et tout cela sans y associer les organisations de jeunesse et d’éducation populaire.
La quasi-totalité des candidats à la présidentielle étaient favorables, sous des formes variées, à un projet obligatoire, coercitif, en direction de la jeunesse. Le CNAJEP, le comité national qui représente les organisations de jeunesse et d’éducation populaire – dont vous êtes président – s’est toujours opposé au caractère obligatoire. Un engagement doit rester un acte volontaire. Il y a d’autres pistes à explorer comme la valorisation, la reconnaissance des engagements, et bien sûr le soutien aux milliers d’initiatives déjà menées localement par les associations.
Alors aujourd’hui, le CNAJEP est inquiet quand on lui dit que rien n’est fixé mais que dans le même temps apparaissent des documents officiels qui disent l’inverse. Inquiétudes partagées par plusieurs organismes de la société civile. Hier soir, le CNAJEP a réuni des députés pour échanger sur le SNU.
C’était vraiment un temps de travail intéressant avec presque tous les groupes parlementaires. Au-delà des divergences, tout le monde partageait l’envie de faciliter l’accès des jeunes à l’engagement. Mais nous partagions également une inquiétude à laquelle le projet actuel n’est pas en mesure de répondre, qui est celle de la qualité des engagements qui seront proposés. Est-ce que les jeunes des classes populaires comme les plus favorisés auront un même accès aux missions ? Est-ce qu’on ne risque pas d’avoir une armée de jeunes corvéables qu’on enverra faire les petits boulots pour les collectivités pendant que ceux qui connaissent déjà les réseaux iront faire des missions passionnantes ?
Est-ce que c’est l’armée qui va encadrer, avec une batterie de jeunes en service civique pour faire gonfler les chiffres du service civique, ou est-ce qu’on va faire appel à des professionnels de l’éducation ? Est-ce qu’on va reproduire des cours formels devant un tableau comme à l’école ou est-ce qu’on aura des méthodes actives, émancipatrices ? Cela fait déjà quelques bonnes inquiétudes, et quand on voit ce qui sert de consultation, on est en droit de se demander si, contrairement à ce qu’on nous répète, tout n’est pas déjà écrit.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !