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Susciter la confiance
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Susciter la confiance

RCF,  -  Modifié le 20 février 2019
Retrouvez chaque mercredi l'édito de François Mandil.
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Hier l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi Blanquer pour une "école de la confiance". 
 
L’éducation d’un jeune s’appuie en équilibre sur trois pôles : la famille, l’école et le tiers-secteur, c’est-à-dire les associations, les clubs, les loisirs … Trois pôles qui doivent se parler et se comprendre. Ce qui se passe dans le monde scolaire interpelle et nourrit ce qui se passe dans l’éducation populaire, les deux mondes travaillant par l’éducation au service de l’intérêt général.
 
Le fait de rendre l’instruction obligatoire dès 3 ans et de suivre la formation après 16 ans souligne l’ambition d’équité, une ambition affichée louable qui est en lien avec celle d’une école inclusive. Mais entre l’esprit et la mise en œuvre, il peut y avoir un gouffre. On sait par exemple que, dans les académies aujourd’hui, il est de plus en plus compliqué de recruter des AVS, des auxiliaires de vie scolaire, en contrat précarisé. Ces AVS sont parfois simplement remplacés par des volontaires en service civique, dont ce n’est ni la mission ni la formation. Sauf que ça permet de faire gonfler les chiffres du service civique en détournant son principe.
 
L’autre grande question à laquelle le projet de loi ne semble pas être en mesure de répondre, c’est la difficulté à recruter et à susciter des vocations d’enseignants, métier mal payé et peu considéré.
 
On a aussi beaucoup parlé des drapeaux dans les classes. 
 
C’est un détail mais un détail symptomatique. Il doit nous interroger sur ce qui fonde une vraie culture citoyenne partagée or, encore une fois, ce n'est pas en affichant des symboles à droite à gauche qu'on fait vivre les valeurs de la République. L'école républicaine de la confiance, c'est penser que par l'apprentissage et la découverte de certains savoirs, d'une certaine culture, on acquiert une capacité de penser et des savoir-être sociaux. Victor Hugo l'a dit avant moi, et c'est justement en découvrant Les Misérables, en montrant que les Langues et Cultures de l'Antiquité sont le terreau fédérateur du pourtour méditerranéen, en expérimentant la vie dans la cour de récré, en posant un cadre et des règles à des enfants qui pour certains n'en ont pas chez eux, etc, que les élèves peuvent construire leur identité. La culture commune de la citoyenneté ne passe pas par trois séances magistrales sur Liberté, Egalité, Fraternité.

Par ailleurs, on n’inculquera pas l’amour de la Patrie à des jeunes quand la réciproque n’est pas vraie ! Et quand on voit le chômage des jeunes, les contrôles au faciès, la difficulté à trouver du travail quand on n’habite pas le bon quartier, on comprend que certains jeunes doutent du fait que la Patrie les aime. Il ne suffira pas de leur agiter un drapeau sous le nez pour y répondre et on voit bien que l’école ne peut faire face seule.
 
On voit là à l’œuvre une tendance privilégiant l’affichage et le décorum au sens et à l’efficacité pédagogique. Cette tendance, elle s’exprime sans vergogne au cœur de la philosophie du service national universel, ce fameux SNU, qui est présenté comme un outil magique qui va réussir en 15 jours sur tous les fronts où l’école échoue. Le fort assaisonnement de folklore militaire du SNU, ça marche très bien dans une émission de télé-réalité. Pour un projet éducatif par contre, c’est montrer le peu de confiance qu’on met dans la jeunesse. Loin des ambitions affichées de "l’école de la confiance".

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