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Talent

RCF,  -  Modifié le 16 janvier 2018
Jean Pruvost revient aujourd'hui sur l'origine du mot "talent".
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"Si l'on vous dit que vous avez du talent, c’est vraiment un compliment. Talent rime d’ailleurs avec compliment.. Aussi, à juste titre y a-t-il un concours intitulé "Talents des cités", instauré depuis 2002. Et ce concours récompense chaque année 40 entrepreneurs des quartiers. Voilà qui nous entraîne à rappeler  la longue histoire du mot "talent".

Dans l'Evangile de Saint Mathieu, le talent fait l'objet d'une parabole où un homme part en voyage et confie ce qu’il possède à ses serviteurs. Et il y a dès lors ceux qui ayant reçu un ou plusieurs talents, c’est-à-dire une somme importante, la font fructifier et remettront donc les bénéficies à leur maître à son retour. Il y a également celui qui, ayant enterré son talent, le remettra tel quel. Et on lui reprochera donc de n’avoir pas su le faire fructifier.

De là vient l’expression enfouir son talent, consistant à ne pas faire valoir ses dons. Il en reste au demeurant la trace dans une expression du Québec, où "ne pas avoir de talent", se traduit par le fait de ne pas savoir gérer son argent. En fait le mot "talent", vient du grec talanton, qui signifiait "plateau de la balance", puis qui, sous l’Antiquité, a désigné le poids déposé dans la balance, qui pesait chez les Athéniens 27 kilos.

On a dit que pour réaliser le célèbre Colosse de Rhodes, il avait fallu 500 talents de bronze et 300 talents de fer. Par extension, le talent devint la monnaie équivalant au poids d’un lingot. Enfin, dans le sillage de la parabole du talent, il représenta une aptitude. Il s’est agi au tout départ de la disposition naturelle donnée par Dieu pour réussir quelque chose mais, dès 1624, est attesté plus simplement le talent en tant qu’aptitude dans une activité que la collectivité apprécie. Au point que par extension, on dira de quelqu’un qu’il est un "talent", entendons une personne bénéficiant d’un don. Et c’est ainsi qu’on peut récompenser des "talents".

Le talent peut être petit, ou grand, mais toujours apprécié. Il y a une formule que j’aime beaucoup, c’est le talent dit de société, c’est-à-dire un talent particulier, cultivé pour divertir. Un peu comme on dit que, lorsqu’on est invité, il faut payer son repas en étant bon "causeur".

Dans les Grandes écoles anglaises, les élèves, l’équivalent de nos énarques, doivent absolument développer un talent de société. Tour de cartes, chanson, musique, etc. Dans le fond tout l’inverse de la définition des cruciverbistes pour faire deviner le mot "talent" : "ne doit pas se forcer"… Eh bien si, cultivons nos talents !" 

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