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Trois questions à... Jean-Luc Ginder
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Trois questions à... Jean-Luc Ginder

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  -  Modifié le 17 avril 2018
​Alors que le mouvement de grève chez les cheminots reprend vendredi 13 avril, focus sur le coût d’un tel mouvement social.

La facture s’annonce salée. Le patron de la SNCF, Guillaume Pépy, a fait savoir que la grève avait déjà coûté plus de 100 millions d’euros, soit 20 millions d’euros par jour de blocage. La facture pourrait évidemment s’alourdir, si le bras de fer se prolonge. Mais pas seulement pour la SNCF, comme l’explique l’économiste Jean-Luc Ginder.
 

La grève coûte 20 millions d’euros par jour selon le patron de la SNCF. Qu’est ce que cela englobe ?

"20 millions d’euros par jour, c’est ce que perd la SNCF par jour non ouvré, donc jour de grève et sans compter tout ce qui n’est pas fait, c’est-à-dire l’entretien des voies, et donc tout ce qu’il faudra rattraper par la suite. Donc 20 millions d’euros, c’est une toute petite somme pour l’ensemble de l’économie française. On s’est basé sur les chiffres de la dernière grève de 1995, et l’on sait que par jour de grève, on perd entre 300 et 400 millions d’euros pour l’économie française. Cela veut dire que 10 jours représentent trois milliards. La grève n’est pas innocente" explique l'économiste.
 

C’est-à-dire ?

"Ce que l’on va payer comme facture, c’est ce que l’on va présenter à l’ensemble des Français jusqu’à la fin de l’année. Lorsqu’un train ne circule pas, la marchandise ne circule pas. Et donc la petite entreprise qui se trouve déjà dans une situation tendue ne risque pas de livrer. Le personnel a du mal à se déplacer. Il y a un risque de mise en arrêt de l’entreprise, et donc un risque de l’augmentation du chômage" ajoute Jean-Luc Ginder.
 

Est-ce-que cette grève perlée a changé quelque chose par rapport à un mouvement plus classique ?

"Le fait de perler, vous embêtez l’ensemble du système économique français. Vous embêtez énormément les petites et moyennes entreprises, vous embêtez l’usager, qui est dans une insécurité totale sur trois mois voire plus. La grève coûte plus cher à l’usager qui est obligé de prendre sa voiture, de payer du carburant, de se garer etc" précise-t-il.
 

Si le conflit s’enlise, quelles pourraient être les répercussions à long terme selon vous ?

"La première répercussion selon les analyses, c’est une montée de la violence. A partir du moment où l’on vous retire ce dont vous pensez avoir le droit, vous allez le demander. D’abord gentiment puis de manière beaucoup plus ferme avant d’arriver dans des résonnances de violence. Et vous allez avoir une animosité telle contre la SNCF et les gares, que les principes de violence vont se mettre en place. Le deuxième élément, c’est qu’il va y avoir un coût. Cette belle croissance dont on nous parlait en début d’année va être totalement rabotée par cet élément, de luxe, puisque c’est une grève qui aurait pu ne pas exister. En existant, elle enlève aux classes moyennes françaises et pauvres le fait de pouvoir retrouver un peu d’oxygène et de moyens" conclut l'économiste.

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