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Un drôle de conseil
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Un drôle de conseil

RCF,  -  Modifié le 4 décembre 2019
​Lundi 2 décembre s’est tenue la première assemblée générale d’un Conseil de déontologie journalistique et de médiation.
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Cette nouvelle instance - juridiquement, une association loi 1901 - se définit comme « un organe professionnel d’autorégulation, indépendant de l’État ». Sa mission principale sera d’émettre des avis sur les pratiques et les contenus des médias d’information, après saisine du public ou autosaisine.

On comprend la volonté des initiateurs de ce Conseil. Face à la crise de confiance envers les médias qui atteint le public, une telle instance se voudrait le levier pour regagner une légitimité chez nos concitoyens. Souci louable, mais, comme en bien des domaines, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Écartons l’idée assez paranoïaque que ce Conseil serait une manière pour le pouvoir de contrôler la presse. Ce n’est pas sérieux. Mais pourtant il existe un risque qui n’est pas celui de mettre les médias dans les mains du gouvernement, mais plutôt celui d’une censure de la bien-pensance.

On imagine les dérives. Certains seront-ils doucement mais sûrement empêchés de parler ? Est-ce que pour ne pas risquer les critiques du Conseil, les médias ne vont pas finir par se transformer en robinets d’eau tiède ? Le risque n’est-il pas celui d’un conformisme moral qui interdirait à terme ce qui peut être trop âpre ou à rebours des consensus mous ? Verra-t-on un jour une chaîne de télévision tancée pour avoir donné la parole à tel penseur ou tel intellectuel provocateur ou simplement décalé ?

En réalité, on se trompe de diagnostic. La question n’est pas de réguler les propos des différents médias par une instance dont la neutralité ne pourra être garantie, mais plutôt que chaque média s’impose une exigence dont les chaines d’information en continu et bien des radios ou des journaux n’ont plus vraiment le souci.

Croire que relever ce défi passe par une instance de contrôle est absolument effarant. C’est en amont, dans les rédactions, qu’un travail sur l’éthique du journalisme doit se faire, et non pas par un contrôle a posteriori. La pression de l’audimat, celle de la publicité, sont les vraies raisons de la faillite de notre système médiatique.

Mais tant que les Français eux-mêmes continueront à engloutir de l’information de médiocre qualité, tant qu’ils accepteront la logique d’une société du spectacle qui transforme tout en divertissement, la presse restera prisonnière de cette médiocrité.
 

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