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​Un peu de poésie
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​Un peu de poésie

RCF,  -  Modifié le 5 février 2019
Ce mardi Jean-Marie Valentin a envie de vous parler de son fils poète dans son éditorial.
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Je voudrai ce matin vous partager quelques strophes de poésie pour bien commencer la journée :

C’est dans la nuit de l’homme
C’est dans la nuit de l’homme
les ténèbres les plus sombres
c’est là où la moindre ombre
fait penser à Sodome.

ou

Glycine
Les pétales violets
de ces papillons-nœud
ruissellent comme du lait,
du lait de couleur bleue

Ou encore
 

Eloge de la folie
Je ne sais quoi écrire
donc
je vais saigner mon cœur
et répandre le pire
sur une jonquille en fleur.
Cette fleur d’un jaune vif,
je vais la faire pourrir
passant d’un jaune poussin à un violent vert d’if
massacrant des colombes simplement pour en rire.

 
Et qui est le poète qui nous offre ces mots ?

Vous ne le connaissez pas. Il a 15 ans. C’est mon fils. Des poèmes comme cela, il en écrit tout le temps. Sur l’amour, la mort, la nature, la vie.

Vous devez en être fier…

Je devrai. Mais je n’arrive pas à lui dire. Sa chambre est sale, il ne travaille pas suffisamment. Ca m’agace. Je m’efforce de lui rappeler ce qu’il a à faire, les objectifs qu’il doit atteindre et comment le faire. Et il écrit des poésies. Il a même fait un site internet avec son frère pour les partager sur le web, au lieu de réviser ses compo !  

Et pourquoi nous parler de ça ce matin…

Parce que j’ai tort. A bien y réfléchir ses poésies, les pensées qui le traversent, la façon dont il les exprime reflètent davantage l’adolescent qu’il est, l’homme qu’il devient, ou auquel il aspire, que ses carnets de notes ou l’état de sa chambre. Ses poésies sont déjà une contribution à la beauté de ce monde alors que ses notes franchement… Mais je n’arrive pas à le lui dire, car cela ne rentre pas dans mon schéma d’éducation : passe d’abord ton bac !

Et quel est le rapport avec les dirigeants chrétiens ?

De la même façon qu’il m’est difficile de voir et d’aimer mes enfants pour ce qu’ils sont vraiment, comment vois-je, en vérité, mes collaborateurs ? Suis-je conscient de leur contribution à la beauté de ce monde, au-delà des critères de performance que je leur assigne ? Suis-je capable de les considérer pour ce qu’ils sont, dans la perspective de leur développement intégrale et non pas uniquement dans la perspective du développement de ma boite ? C’est tellement difficile, si ce n’est au pied de la croix.

Alors pour conclure, je reprends une pensée de mon fils :

d’une croix,
douze personnes ont changé la face du monde,
j’ai toute ma vie pour parler de deux bouts de bois.

 

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