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"Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller
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"Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller

RCF,  -  Modifié le 27 septembre 2018
Chaque mercredi Valérie de Marnhac vous conseille d'aller voir un film au cinéma.

Cette semaine, je vous propose de remonter le temps pour se retrouver en 1789, au cœur des faubourgs de Paris, aux prémices de la Révolution française, et de vivre ces évènements de l’intérieur. Le réalisateur choisit de situer l’action au pied de la Bastille, dans une rue de la capitale, au milieu de ses artisans, ses lavandières et ses gamins des rues, et d’en faire ce qu’il appelle « des héros ordinaires ». Il nous immerge dans leur quotidien, leurs joies et leurs peines et leur combat naissant pour la liberté. Il a rassemblé pour cela une troupe impressionnante d’acteurs français, de la toute jeune génération à des comédiens plus confirmés comme Olivier Gourmet ou Laurent Lafitte.

Il y a indéniablement une dimension pédagogique. De la prise de la Bastille à la mise à mort du roi, on retrouve tous les grands moments historiques de cette période (la naissance de la Constitution, la fuite à Varenne, la prise des Tuileries, …). Mais ce qui intéresse Pierre Schoeller, c’est de tisser l’histoire collective à partir de destins individuels. De donner la même importance aux anonymes qu’aux personnages célèbres, à un maitre verrier qu’à Marat ou à Robespierre. Dans une belle scène finale, et en montage alterné, l’artisan apprend patiemment à son apprenti à souffler du verre tandis que se joue dans la salle du Manège le sort du roi.

"Un peuple et son roi" redonne aussi aux femmes toute leur place dans ces événements. A celles qui partent à pied à Versailles réclamer du pain et le retour du roi à Paris, mais aussi à des femmes méconnues, comme Reine Audu (jouée par Céline Salette), une simple vendeuse de hareng qui s’engage dans le combat politique jusque devant les députés.

Le projet a duré 7 ans, l’écriture 3 ans, et le film, très documenté, reprend en grande partie des textes tirés d’archives. Il a été tourné en décors naturels, souvent à la bougie ou à la lumière du jour, et certains lieux ont été entièrement reconstitués, comme la toute jeune Assemblée nationale recréée dans les locaux de la Légion d’Honneur près de Paris. Il en ressort un film vivant et actuel qui nous parle à la fois d’hier mais aussi d’aujourd’hui.

Dans son film précédent, "L'exercice de l'Etat", Pierre Schoeller nous plongeait dans les coulisses d’un ministère et explorait les dérives du pouvoir. Avec ce 3ème long métrage, il remonte aux sources de la République, au cœur de la nation et signe à nouveau un film politique. Il tente de comprendre comment un roi qui se croyait le garant du bonheur de son peuple, l’a finalement trahi. Et comment un peuple, pour gagner sa liberté, a fini par tuer son roi. A la première scène de Jeudi saint, où Louis XVI lave religieusement les pieds d’enfants pauvres qu’on lui présente, répond celle de l’échafaud où le peuple assiste, muet, à sa décapitation.

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