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Un TGV pour évacuer les malades
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Un TGV pour évacuer les malades

RCF,  -  Modifié le 3 avril 2020
Pendant la pandémie, des scènes extraordinaires se déroulent dans des lieux quotidiens : David Groison a choisi pour nous, une scène qui a eu lieu à la Gare d'Austerlitz.
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Personnellement je suis resté confiné chez moi, oui. Mais Thomas Samson, photographe pour l’agence Associated Press, est sorti de chez lui. Et il est allé gare d’Austerlitz, à Paris. Et sa photo nous étonne et nous sidère, car elle mêle le familier et l’extraordinaire, le quotidien et le bizarroïde Un bon résumé de la situation que nous sommes tous en train de vivre. Plein cadre, une rame de TGV. Prise sans effet de zoom ou de distance, le photographe est posé sur le quai comme un parent qui vient déposer son enfant dans le train, ou qui vient chercher un oncle ou une tante qui débarque à Paris. On est en face du wagon, à la distance familière d’un voyageur classique. On reconnaît les couleurs du TGV, les différentes bandes de couleur, les hublots très larges. Et à l’intérieur, on distingue quelques fauteuils bleus, avec leur appui-têtes, les petites tablettes que l’on peut monter au dessus des genoux. Familiers tout ça.

Et puis il y a l’extraordinaire. Le seul passager est un homme allongé sur un lit médicalisé, un matelas rouge en plastique, enveloppé dans un drap blanc, autour de lui un ventilateur fixé sur le visage, des sondes, un goutte à goutte, des capteurs, des enregistreurs, des machines qui crachent leurs courbes. Des moniteurs qui indiquent l’électrocardiogramme, les pressions vasculaires, le rythme respiratoire… C'est une véritable scène d'hopital, qui ne colle pas avec l'univers du TGV.  Et même chose dehors, sur le quai. Il n’y a qu’une femme qu’on imagine être une soignante. Elle est en blouse blanche, avec une surblouse bleue transparente sur le corps. Avec sur le nez, un masque FFP2 (puisqu’on est devenu tous très calé en masque), des lunettes de protection, sur le crâne un foulard, sur les mains des gants en plastique bleu. Et elle est accroupie, elle regarde le patient par le hublot du TGV avec un regard attentif, inquiet. Une posture bien connue, celle d’un mère qui salue son enfant sur un quai de gare, qui regarde s’il est bien installé. Mais ce n’est pas une maman, c’est une figure du bloc opératoire ou de la salle de réanimation.

Ce mélange là, on le retrouve dans toutes les photos réalisées par les journalistes du monde entier. La mobilisation a fait sortir les soignants de l’hôpital. Depuis une semaine, des TGV médicalisés traversent notre territoire, depuis l’Est et l’Ile de France. Mais ils sont aussi dans le ciel, dans des hélicoptères – je les entends moi à Paris, tous les jours. Ils sont dans des jardins publics, comme à New York, où on a construit des hôpitaux de fortune dans Central Park. Sur des bateaux, il y en a aussi un sur l’Hudson River. Etonnant tout ça… A moins que cet extraordinaire finisse par nous devenir familier. 
 

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