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"Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-Eda
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"Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-Eda

RCF,  -  Modifié le 13 décembre 2018
Chaque mercredi Valérie de Marnhac vous conseille un film à voir en salles, aujourd'hui elle revient sur la dernière Palme d'Or du Festival de Cannes.

Palme d'or au dernier Festival de Cannes, c’est un habitué du Festival puisque c’est son sixième film en compétition et qu’il avait déjà reçu un Prix du Jury. C’était en 2013 pour "Tel père tel fils". Et avec la palme d'or c'est une consécration : Kore-Eda est pour moi un des plus grands cinéastes actuels, qui a un sens des personnages, des plans, des cadrages, absolument incroyable. Et le tout, avec une infinie sensibilité, propre au cinéma japonais c’est vrai…mais il est le seul à savoir aussi bien filmer les enfants et nous parler de la famille en général.

Au début c’est un peu comme dans le jeu des 7 familles. On cherche à reconstituer celle du fils, le jeune Shôta. On démarre avec le père, puis la mère, la grand-mère… dont on va découvrir progressivement le dessous des cartes. Le film commence par une scène dans un supermarché où le père apprend à son fils à voler à l’étalage. C’est filmé de manière un peu burlesque et assez légère, grâce à la musique notamment. Puis sur le chemin du retour, ils vont recueillir une petite fille Yuri, livrée à elle-même et maltraitée, et qu’ils vont garder.

Alors ils vivent tous entassés dans une minuscule maison, coincée entre des grands ensembles modernes. Mais où chacun trouve sa place et surtout beaucoup de réconfort et de chaleur humaine. La grand-mère prépare les repas, on s’y sent bien et on s’attache à cette famille bancale, un peu à la marge, où chacun se débrouille à sa manière. Mais au fur et à mesure où on suit les personnages à l’extérieur de ce cocon, la réalité se brouille.

Et Kore-Eda dénonce alors en arrière-plan toutes les formes de violences quotidiennes de nos sociétés : la dureté du monde du travail où un patron demande à deux employées de décider entre elles laquelle devra être licenciée, la précarité des personnes âgées, ou la misère affective et sexuelle des jeunes japonais. Jusqu’à ce qu’un évènement vienne bouleverser cet équilibre fragile et nous fasse voir cette famille d’un tout autre point de vue. 

C'est vrai que le film, c’est beaucoup son histoire, celle de son émancipation de cette famille que le réalisateur qualifie lui-même de "dysfonctionnelle" mais qui, en même temps, lui a apporté beaucoup. Avec "Une affaire de famille", il nous fait réfléchir à la nature des liens familiaux, à ceux de la filiation et à l’importance de la transmission. Et il conclut par une belle profession de foi : "on ne fait pas du cinéma si on n’a pas foi en l’être humain".
 
 

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