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"Une Intime Conviction" de Antoine Raimbault
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"Une Intime Conviction" de Antoine Raimbault

RCF,  -  Modifié le 6 février 2019
Chaque mercredi Valérie de Marnhac vous propose de découvrir un film qui sort en salles.
Une intime conviction Une intime conviction

Ce film revient sur un fait divers qui avait mobilise l’opinion publique : l’histoire de ce professeur de droit a Toulouse, Jacques Viguier, soupçonné d’avoir tué sa femme Suzanne, dont on n’a jamais retrouve le corps.

Jacques Viguier a été jugé pour meurtre une 1ère fois en 2009, il a été acquitté, mais le parquet, convaincu de sa culpabilité, a fait appel du jugement populaire - et le film commence à ce moment-là. Tout est vrai dans le film, les plaidoiries, les écoutes téléphoniques. Mais le réalisateur, qui a assisté aux deux procès, a choisi d’en faire une fiction, pour donner une perspective nouvelle à l’affaire. Il crée le personnage de Nora, jouée par Marina Foïs. Elle incarne une proche de la famille, convaincue de l’innocence de Viguier, et dont la quête de la vérité va devenir obsessionnelle.
 
Le réalisateur maintient le suspens grâce à un montage très efficace. On suit Nora, à la recherche de preuves, dans une course contre la montre haletante. Ensuite l’essentiel de la défense se fonde sur des échanges téléphoniques qui ont eu lieu au moment des faits et qui nous place vraiment au cœur de l’action. Et enfin, on assiste à un face à face à la barre, entre un mari mutique et maladroit, et l’amant de Suzanne, affable, beau parleur, qui nous fait douter nous aussi.
 
Mais ce qui est passionnant surtout, c’est le fonctionnement de la justice en elle-même. Comment une cour d’assises juge-t-elle un homme sans preuve ? C’est le rôle de l’intime conviction qu’elle demande aux jurés. Mais c’est aussi la place qu’elle laisse aux sentiments, aux fantasmes, à la rumeur. A l’opinion publique aussi, qui veut un coupable, pour que l’ordre soit rétabli. Et puis quand même, in fine, au talent des avocats et à la force de leur parole.
 
L'avocat de l'accusé ici est Maître Dupont-Moretti est joué par Olivier Gourmet. Ils nous donnent une grande leçon d’humanité et de justice, dont Eric Dupont-Moretti aime dire qu’elle est "cette erreur millénaire qui veut qu’on ait attribué à une administration le nom d’une vertu". Sa plaidoirie finale est autant adressée à Nora qu’aux accusateurs de Viguier. Elle réhabilite la valeur du doute en matière de justice humaine et elle rappelle aux jurés leur responsabilité face à un homme.
 
C'est donc un film de procès, qui est un genre cinématographique à part entière aux Etats-Unis, mais peu développé en France, c’est donc presque un acte citoyen d’y aller ! L’occasion en tous cas de redécouvrir le fonctionnement de nos institutions, et de se rappeler qu’en France on ne dit pas "Votre honneur" au président de la cour !

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