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Jean Vanier : aimons-nous les idoles ?
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Jean Vanier : aimons-nous les idoles ?

RCF,  -  Modifié le 28 février 2020
Après les récentes révélations sur Jean Vanier, retour sur la confiance que l'on porte aux accompagnants spirituels.
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Que le fondateur de l’Arche ait abusé de six femmes spirituellement et sexuellement ressemble à un cauchemar. Comme beaucoup, j’avais croisé Jean Vanier. Je me sentais incapable de faire le centième de ce que réalisent les bénévoles de l’Arche. J’avais eu l’impression de rencontrer un saint. Quelqu’un qui vivait l’idéal évangélique comme je n’en serai jamais capable.

Hélas. Nous savons ce qu’il en est. Je passe sur les réactions consternantes de ceux qui mettent en doute l’extraordinaire sens de la vérité des dirigeants de l’Arche qui ont mené une enquête, avec des intervenants extérieurs, sur la double vie de leur fondateur, et qui ont eu le courage de la rendre publique.

Ce qui me laisse encore plus pantois, et c’est ma femme qui, alors que nous venions d’apprendre la nouvelle, m’a ouvert les yeux, c’est que notre époque a besoin d’idoles. La liste est longue : Marie-Dominique Philippe, Pierre-Marie Delfieux, Bernard Preynat… Tous ont été portés aux nues, mis au pinacle et canonisés de leur vivant par des laïcs en recherche de figure tutélaire.

Certes, le cléricalisme est une plaie de l’Église. Mais il est autant la faute des laïcs que celle des prêtres. Jean Vanier n’était pas prêtre, même s’il avait la fonction d’accompagnateur spirituel. Mais l’ensemble des catholiques en avaient fait le saint qui leur était utile pour continuer à croire dans un monde où l’Église perdait de son influence et de sa crédibilité.
Mon analyse, qui n’est pas morale mais politique, est la suivante : l’Église catholique ayant perdu son influence depuis deux siècles, les fidèles ne peuvent plus se reposer sur une organisation sociale où le curé de base était respecté de tous et donnait le « la » de la conduite à tenir. Alors, il faut se trouver des figures de super-héros, comme le cinéma des Marvel. Jean-Paul II, dont je ne remets nullement en cause la grandeur, proclamé santo subito sans laisser le temps à l’histoire de faire son travail, a incarné ce moment d’un catholicisme en quête de héros visibles.

L’heure est pour les catholiques de comprendre que si l’époque de leur domination sociale est bel et bien révolue, ils ne trouveront pas l’issue dans l’idolâtrie de quelques figures sommes toutes sulpiciennes. La lecture de Paul dimanche dernier nous l’a dit : « Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. » Seul le Christ, par son Église et non par ses gourous, peut guider nos pas.
 

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