Huit mois après leur mariage, Cédric est victime d'un accident. Sophie Barut raconte quel a été son combat : ne pas fuir la réalité, s'appuyer sur ses amis, oser croire à l'amour de Dieu.
"Tu verras Cédric que je vais te donner des raisons d'aimer la vie. Je veux un mari éveillé, ancré dans la réalité qui est la sienne désormais, et lui apprendre à l'apprivoiser, à l'accepter." C'est ce que confie Sophie Barut dans son livre inspiré de son propre journal intime, "Je rentrerai avant la nuit" (éd. Nouvelle Cité). Un soir de 1998, son mari enfourche son vélo, part en promenade et lui dit : "Je rentrerai avant la nuit." Sur la route il est renversé par une voiture folle, la violence du choc est telle que plus rien ne sera comme avant. 20 ans après, Sophie Barut raconte son histoire dans un récit où l'on s'autorise à pleurer mais aussi à espérer.
Ce 21 mai 1998, le jour de l'Ascension, une soirée de cauchemar. Sophie Barut en garde le souvenir très vif. Comme souvent après une journée de travail bien rempli Cédric part faire une promenade à vélo. "La nuit tombe mon mari ne rentre pas, et là je commence à prendre la voiture, à faire un tour, je ne le vois pas. Ma voisine sort s'inquiète me conseille d'appeler le commissariat de police le plus proche." On l'avertit qu'un jeune homme vient effectivement de percuter une voiture au-dessus de Saint-Étienne près de Montbrison.
Elle qui n'avait pas l'habitude de fréquenter les hôpitaux se trouve confrontée à tout un vocabulaire, on lui parle de coma, de traumatisme, de réveil du coma... "Tout ça été une re-naissance, il a fallu que je réapprenne à vivre avec tous ces nouveaux codes autour de moi." Quand elle demande si son mari va pouvoir marcher, les médecins lui répondent : "La première question que vous devez vous poser c'est est-ce que votre mari va vivre?"
Depuis l'adolescence Sophie Barut tient un journal intime, mais depuis l'accident elle s'accroche à l'écriture. Un jour, elle note : "L'univers est doux." À cette époque la jeune femme allait voir chaque jour son mari à l'hôpital, elle se souvient d'un rythme "pesant" et pourtant. "Chaque soir je m'endormais d'un coup, j'avais des nuits très reposantes et je me réveillais avec une joie intérieure ancrée, qui m'étonnais moi-même vu les circonstances. Et je me souviens d'un matin m'être réveillée en me disant mais l'univers est doux, c'est-à-dire que la réalité qui nous entoure, ce monde tel qu'il a été conçu est fait pour notre bonheur, si tant est qu'on arrive à l'entendre, à voir les belles choses que Dieu a fait pour nous et les méditer."
Depuis que son livre est paru le 1er mars 2018, elle reçoit de nombreux témoignages de personnes qui ont prié pour elle et pour son mari. Des chaînes de prière, des nuits d'adoration... "J'étais dans un bain d'amour, d'amitié, j'étais portée." Recevoir des témoignages d'amitié, lire dans les yeux de son mari l'amour qu'il lui porte, lire beaucoup de récits de vie et y trouver des raisons d'y croire... Il a fallu du temps aussi pour ne plus fuir cette réalité.
"Cela faisait huit mois que nous étions mariés..." On se promet l'un à l'autre, pour le meilleur et pour le pire. "J'ai beaucoup disputé le bon Dieu, je ne comprenais pas ses règles du jeu." Eux qui voulaient une grande famille ont tout remis en question. "J'ai mis six ans à être sûre de vouloir des enfants avec Cédric", confie-t-elle. Aujourd'hui ils ont quatre enfants. "On peut être audacieux, de l'audace de Dieu."
Quand elle lisait une perle de sagesse, Sophie Barut s'empressait de la noter. Il y a ce moine qui lui a dit un jour : "Chaque soir, ayez la sagesse de voir tout ce qui s'est bien passé dans votre vie : le mal ne fait pas grandir seule la contemplation du bien fait grandir." Dès lors s'efforcer de voir les progès de son mari "et pas tout ce qu'il avait perdu". "Avant l'accident, quand quelqu'un pleurait je lui disais mais non ne pleure pas, j'essayais de le consoler. Maintenant je m'aperçois qu'il faut aller au fond des choses, faut pas avoir peur. Avec Cédric quand on a des coups de moins bien, on s'autorise à pleurer tous les deux, je lui dis Cédric vas-y pleure un bon coup ce n'est pas facile ce qui nous est arrivé. On a le droit d'en vouloir au Bon Dieu pour certaines choses..."
Quatre ou cinq après l'accident, Sophie donnait à manger à Cédric. "Ce petit homme fragile" était encore tétraplégique, "vais-je être garde-malade toute ma vie ?" se demande-t-elle. Tout plutôt que cet avenir "emmuré". Elle part trouver ce fameux professeur de philo. Une amie qui était là lui dit tu n'es pas seule... "À ce moment j'ai pleuré comme jamais des larmes de joie à sentir l'amour de Dieu, toute la chaîne d'amitié autour de nous. J'ai senti à quel point l'amour de Dieu et des hommes était vital pour moi et que je ne pouvais pas vivre comme s'il n'y avait pas tout ça."
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