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Une théologienne répond aux lettres de saint Paul
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Une théologienne répond aux lettres de saint Paul

RCF,  -  Modifié le 22 janvier 2020
Saint Paul est un monument du christianisme, il n'est pas anodin pour une chrétienne de répondre à ses lettres. Ce qu'a entrepris Claude Plettner, qui met en lumière son message très actuel.
Wikimédia Commons - Vieux pensif ou L'Apôtre Paul par Rembrandt (1657) Wikimédia Commons - Vieux pensif ou L'Apôtre Paul par Rembrandt (1657)

Saint Paul, "beaucoup de gens, y compris des chrétiens, le trouvent doctrinaire, compliqué... et ce n'est pas entièrement faux". Auteure de "Lettres à Paul de Tarse" (éd. Cerf), Claude Plettner entreprend de répondre à ce "monument" du christianisme. L'occasion pour la journaliste de rendre la teneur de ses écrits profondément actuelle, de souligner aussi les zones d'ombres et paradoxes du personnage. Dans son essai épistolaire, en quelque sorte, Claude Plettner souligne aussi la beauté littéraire des textes de Paul, et l'extraordinaire nouveauté de son message. Des textes qui, elle le rappelle, ont été écrits bien avant les Évangiles. "D'où a-t-il sorti une construction pareille sur la personne de Jésus, alors qu'il n'a disposé d'aucun écrit ?"
 

"Il est le premier à distinguer culture et religion : vous pouvez être grec, romain et chrétien, juif et chrétien, païen et du Christ... C'est le contraire de tous les communautarismes"

 

Saint Paul, le premier laïc ?

"Il faut comprendre qu'à l'époque de Paul, il n'y a pas de chrétiens, il n'y a pas de christianisme." Il y a des juifs et des païens qui découvrent Jésus mais qui ne se disent pas encore chrétiens. Il faudra pour cela attendre un siècle et demi voire deux. La théologienne parle d'une "nébuleuse" pour désigner ce proto-christianisme et fait le parallèle avec la situation de l'Église catholique d'aujourd'hui, dans une société déchristianisée. "Nous qui vivons dans des sociétés sécularisées, d'une certaine façon païennes : comment nous pouvons être à la fois du Christ et de ce paganisme ? Du Christ et d'une société complètement étrangère à tout cela ?"

Saint Paul est-il le premier laïc ? Il est en tout cas le premier à avoir sorti la religion de l'emprise sociale. "Il est le premier à distinguer culture et religion : vous pouvez être grec, romain et chrétien, juif et chrétien, païen et du Christ." Si cela étonne aujourd'hui, Paul "dissocie complètement l'appartenance culturelle et l'appartenance à la religion". Il a ouvert la voie à "un universalisme", dont il serait "l'inventeur" nous dit le philosophe Alain Badiou. "C'est le contraire de tous les communautarismes."

 



 

Un homme fort qui se réclame de la fragilité

Saint Paul a "le charme de ses contradictions". Lui qui "avait un ego comme un camion", observe Claude Plettner, a "passé sa vie à essayer de se faire reconnaître comme apôtre, puisqu'il avait vu le Christ ressuscité". Il est significatif pour Claude Plettner de voir que dans "les Actes des Apôtres, à aucun moment Luc ne lui donne le titre d'apôtre" et cela a du être comme "une écharde dans la chair" suppose-t-elle, "la blessure de sa vie"... Tant d'avoir vu le Christ sur le chemin de Damas l'a bouleversé.

Saint Paul est un homme de droit, un homme de la loi, un homme strict. Avant sa conversion, "c'était un fanatique, un fou de Dieu". Il est vrai que Paul poursuivait avec acharnement les disciples du Christ, pour les dénoncer, les faire arrêter et qu'il soient exécutés.

 

LE RÉCIT DE LA CONVERSION DE PAUL
"Comme il était en route et approchait de Damas, soudain une lumière venant du ciel l’enveloppa de sa clarté. Il fut précipité à terre ; il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » Il demanda : « Qui es-tu, Seigneur ? »
La voix répondit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. » Ses compagnons de route s’étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva de terre et, bien qu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils le prirent par la main pour le faire entrer à Damas.
Pendant trois jours, il fut privé de la vue et il resta sans manger ni boire."
(Ap 9, 3-9)

 

Trois ans pour se remettre de sa conversion

À 19 ans, Paul est tombé de cheval sur le chemin de Damas. Dans son livre, Claude Plettner met en scène sa conversion sur le chemin de Damas. "Ça a bouleversé toute sa vision du monde, sa manière de se voir, de voir les autres... Je pense que ça a été une épreuve terrible, venant d'où il venait, il lui a fallu du temps pour assimiler tout ça."

 

Journaliste, éditeur, théologienne, Claude Plettner est l'auteure de nombreux ouvrags, dont "Le corps bouleversé - Choisir le célibat "(éd. Desclée de Brouwer, 2002), "Chère Thérèse d'Avila" (éd. Bayard, 2011) ou "L’Autre christianisme" (2015). Elle a aussi collaboré à la rédaction de "Fragiles existences - Orienter sa vie"  (éd. Bayard 2010) et de "Solitudes nuit et jour" (2014) avec Véronique Margron.

 

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