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#Réparons l'Eglise : un grand débat pour nous pousser à l'action !
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#Réparons l'Eglise : un grand débat pour nous pousser à l'action !

Un article rédigé par Pauline Noack Fraissignes - RCF Haute-Normandie,  -  Modifié le 26 avril 2019
Nous n’avons pas tous la même définition de cette Eglise qui est à réparer, mais l’envie, l’énergie et l’espérance étaient bien présentes ce jeudi 25 avril à Rouen !
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Près de 250 personnes étaient réunies dans l'auditorium du centre diocésain de Rouen pour tenter, pendant plus de 3 heures, de poser des jalons dans le but de « réparer l’Eglise ».
Pouvoir/autorité, Complémentarité homme-femme, Appeler-former-accompagner, et enfin des Raisons d'espérer dans l'avenir sont les 4 thèmes que nous avons triturés grâce à l'animation de Mélinée Le Priol, journaliste à La Croix, et Catherine Manné, journaliste chez RCF Haute-Normandie. Cette restitution doit beaucoup aux notes prises par Aude Remy, journaliste chez RCF Haute-Normandie, tout au long du débat.

Dans la crise que traverse l’Eglise, on parle de crise de confiance, parfois due à une confusion entre pouvoir et autorité. L’abus de pouvoir, de la part des clercs et des laïcs, est lié au cléricalisme que nous déplorons. Quelques réflexions des participants autour de ce sujet au préalable introduit par Vincent Hardouin, ancien coordinateur de la Pastorale des jeunes du diocèse de Rouen et en responsabilité nationale chez les Scouts et Guides de France :

  • Quel regard est-ce que je porte sur ceux qui donnent leur vie à Dieu ?
  • Comment s’exerce l’humilité de celui qui reçoit le pouvoir ? Y compris moi ?
  • Quelle confiance est-ce que j’accorde à celui/celle qui me conduit ? Qui fait grandir mes enfants dans la foi ?
  • Quand on s’engage en tant que bénévole, il faut le faire librement, puis s’inspirer des paroles, des gestes et attitudes du christ et se laisser guider.
  • Qui sert l’Eglise ?
  • Attention à ne pas réserver l’Eglise à une élite ! On peut observer parfois un clivage entre les « sachants » et le « troupeau ».
  • Les prêtres ne sont pas des guides suprêmes. Comment s’exerce la collégialité de l’autorité dans la paroisse ?
  • L’évêque devrait avoir une autorité réelle envers les prêtres car certains prêtres agissent en patron dans leur paroisse en s’affranchissant des orientations de l’évêque.
  • Attention à exercer son objection de conscience pour ne pas se laisser conduire sans réfléchir.
  • Le principe d’exemplarité doit s’appliquer à tous, clercs comme laïcs (en mission ou pas) : c’est la condition de la confiance.
  • Est-ce que Dieu n’est pas beaucoup trop absent de notre vie de tous les jours ? Remettons la prière au centre, revenons à l’essentiel si l’on veut rebatir.
  • On peut s’émerveiller de la jeunesse de la foi des prêtres anciens, ils sont fréquemment plus proches de la vie des gens que les jeunes prêtres.
  • Pourquoi imposer le célibat aux prêtres ? Quel rapport avec leur sacerdoce ?
  • Comment est-ce que l’Eglise s’ouvre à ceux qui s’en sentent exclus ? ou à ceux qui sont partis sur la pointe des pieds car leur vie n’était pas alignée avec un certain cadre moral ?
  • L’éducation des jeunes générations est essentielle, pas optionnelle : rappelons-leur le sens du mariage, du célibat, l’importance de la famille, et la Bonne Nouvelle de Jésus. Beaucoup d’entre eux ne croient pas en un Dieu créateur. Quid de notre responsabilité ? Comment leur parlons-nous de notre foi chrétienne ? de notre Espérance ?
  • Pour empêcher les abus de pouvoirs, quels contrepouvoirs l'Eglise met-elle en place ?
  • Est-ce que l’amour du prochain est au centre de ma vie ? 

Un autre sujet brûlant abordé hier soir : la complémentarité homme-femme dans l’Eglise, au même titre que dans la société en général. Nul ne la conteste, mais comment est-elle vraiment mise à profit dans l’Eglise ? Tous baptisés, pour un même projet ? Quelques éléments de réponse entendus hier soir à la suite de l'introduction de Marie-Christine Rozier, épouse de diacre et mère d'un séminariste :

  • Tous et toutes appelés par notre baptême à être prêtre, prophète et roi, à la suite du Christ.
  • Comment se réapproprier ce sacerdoce ?
  • Est-ce que j’exerce la correction fraternelle lorsque je ne suis pas d’accord avec ce que l’autre (clerc ou laïc) dit ou fait dans ma communauté ?
  • Dans un lieu très laïcard comme une aumônerie d’hôpital, la tension est permanente pour une aumônière qui tente de répondre aux besoins des gens. La question des sacrements est notamment très prégnante… dans quelles conditions peut-elle baptiser ? Et le mariage, sacrement que se donnent l’homme et la femme, pourquoi doit-il nécessiter la présence d’un prêtre ou d’un diacre ? Et la confession… écouter, recevoir une confession, sans pouvoir absoudre, tout en assurant le pénitent que Dieu est Amour et Miséricorde !
  • « L’Eglise m’a sauvé. On est là pour servir, pour se donner au monde. » Mais quelle méthodologie pour inviter l’incroyant à découvrir la Bonne Nouvelle que l’on a pour lui ? Où, dans quel cadre lui faire expérimenter la fraternité chrétienne ?
  • Quoi proposer à une personne qui s’intéresse, qui est curieuse de Dieu ? Est-ce que nos messes dominicales sont accueillantes, accessibles, ouvertes ?
  • L’Eglise ne nous appartient pas, on en fait partie.
  • Pour rebâtir l’Eglise, il faut se convertir. « Laissons parler Jésus en nous. »
  • L’Eglise est encore trop patriarcale. Certains fonctionnements sont difficilement remis en question par ses membres qui restent dans leur bulle.  Certains révèrent encore trop les prêtres qui ne les encouragent pourtant pas.
  • L’Eglise doit évoluer avec la société qui a vu les relations homme-femme considérablement évoluer.
  • L’Eglise ne doit plus chercher à faire la morale. Qu’elle revienne à aimer les gens simplement pour voir la beauté de l’amour tel qu’il est aujourd’hui dans une société qui a changé.
  • Dans certains diocèses comme celui du Havre, des tiers lieux chrétiens, des maisons d’Eglise ouvertes, ont vu le jour pour accueillir celui qui fait une démarche et n'est pas encore prêt à vivre une messe.
  • Certains vivent une sorte d’apartheid dans l’Eglise. Certains se sentent mieux, plus chrétiens, en dehors de l’institution !
  • Les hommes laïcs se sentent parfois bien seuls face aux prêtres et aux femmes dans l’organisation de l’Eglise.
  • La complémentarité homme-femme dans l’Eglise pose la question du pouvoir car une place d’autorité n’est pas toujours donnée aux femmes qui prennent pourtant très facilement des/leurs responsabilités.
  • Certains prêtres ont un problème relationnel avec les femmes. De ce fait, ils ne peuvent collaborer efficacement avec des femmes.
  • Et les femmes de diacre à qui l’évêque demande une coopération pendant la préparation au diaconat ? Que leur est-il demandé dès le diacre ordonné ?
  • Du temps est nécessaire au changement.
  • Citation du Pape François : « En Eglise, ne nous laissons pas voler la joie d’être femme » 

Un troisième thème a fait aussi énormément réagir, celui de Appeler-former-accompagner. Que l’on parle de former et missionner des prêtres ou des laïcs, ou simplement de la capacité à être attentifs les uns aux autres en Eglise, voici quelques-unes des idées qui ont été exprimées en réaction à l'introduction d'Anne Mornand, coach certifiée : 

  • Comment rendre notre organisation vivante ? Pour que chacun s’y sente bien et au service de sa mission.
  • Saurons-nous adopter de nouvelles approches : intelligence collective… ?
  • Dans les communautés de vie chrétienne, on procède par étapes : discernement, envoi, puis évaluation. La correction fraternelle permet de soutenir la personne tout au long de sa mission.
  • Dans l’Eglise, nous sommes appelés par le christ à faire confiance à des gens qu’on ne connait pas, qui n’ont parfois pas toutes les qualités que l’on souhaiterait… cela demande de faire confiance à des inconnus. Cette double contrainte demande des efforts. N’ayons pas peur d’être dans la confiance.
  • La question du temps de formation des catéchumènes (2 ans avant d’être baptisé) peut poser problème, voire décourager certains : Jésus n’a-t-il pas dit « laissez venir à moi les petits enfants » ?
  • Nous constatons tous que le nombre décroissant de prêtres impose aux curés d’aujourd’hui de courir d’un clocher à l’autre, de cumuler de multiples missions, sans jamais réussir à satisfaire tous ceux qui attendent une réponse ou un arbitrage. N’attendons-nous pas trop de ces hommes ?
  • Une formation de manager pourrait être utile à nombre de prêtres.
  • Que faisons-nous des adultes nouvellement baptisés ? Que leur proposons-nous ? Comment les missionner et leur donner toute leur place dans l’Eglise à laquelle ils appartiennent ?
  • Et comment accueillons-nous ceux qui sortent de prison ? Une fois dehors, ils aimeraient continuer à partager autour de la parole de Dieu. Qui les intègre ?
  • Comment demandons-nous à ceux qui se sentent un peu à l’écart de prendre une place dans cette Eglise ? Il y pourtant une place pour chacun : les parents d’enfants catéchisés peuvent être associés à certaines rencontres pour partager leurs découvertes avec leurs enfants, des jeunes couples participer à la préparation au mariage avec des couples plus murs, des personnes porteuses d’un handicap témoigner de leur joie de recevoir un sacrement…
  • Certains prêtres veulent que les gens viennent à l’église sans crainte, mais n’est-ce pas à l’église d’aller vers eux.
  • Est-ce que les missions dans l’Eglise sont bien pensées en amont avec des fiches de poste claires ? Une fois missionnés, comment sont formés les salariés ou les bénévoles ? Quel suivi sur les conditions de leur mission pour bien prendre en compte leurs besoins pour bien la réaliser ?
  • En termes de formation, dans l’Eglise, on pense formation théologique et spirituelle, mais moins à la formation psychologique : une vigilance particulière est à avoir. Dans le cas particulier du P. JB Sèbe, il a été appelé, certes, mais qui l’a formé, qui l’a accompagné ?
  • Comment mettre en place des processus d’alerte pour bien accompagner chaque personne (clerc ou laïc) en souffrance ? Question de transparence ? de pouvoir ? de vérification ?
  • Quel soutien est proposé aux laïcs qui souffrent de la crise traversée par l’Eglise ?
  • Que veut dire « un pourvoir reçu de Dieu » dans la bouche de l’archevêque lors de la messe chrismale ?
  • En l’absence de curé dans une paroisse, des laïcs sont missionnés, mais ils ne sont pas formés pour remplacer le curé. Est-ce satisfaisant ?
  • Et pour les laïcs en mission, notamment les serviteurs de communauté, qui leur apprend à préparer la suite en identifiant un successeur avant d’arriver à la fin de leur mandat ?
  • Nous ne pouvons plus fonctionner aujourd’hui sans les chrétiens étrangers, dans nos paroisses. Comment les accueillons-nous ? Quelle place leur faisons-nous ?
  • Le documentaire d’Arte « Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise » a fait beaucoup de mal. C’est une Eglise crucifiée que nous connaissons aujourd’hui. Cet Amour crucifié doit être bien compris avant de reconstruire. Mais nous sommes debout ! 

Et pour finir la soirée, nous avons évoqué les raisons d’espérer en notre Eglise pour qu’elle redevienne vraiment rayonnante :

  • Concernant la place de la femme dans l’Eglise, des choses se mettent place et de nombreux services sont dirigés par des femmes. Une femme a intégré le conseil épiscopal du diocèse de Rouen.
  • C’est le moment pour l’Eglise de changer son logiciel. Peut-être avec un nouveau concile ? Espérons une Eglise plus œcuménique, intégrant mieux les femmes et les laïcs.
  • Soyons conscient et exerçons notre sacerdoce commun de prêtre, prophète et roi.
  • Revenons aux intuitions de Vatican II et mettons-les en pratique.
  • La personne humaine ne va pas changer de cap, mais l’Eglise peut s’adapter au terrain.
  • Les prêtres, à l’instar des pasteurs, pourraient avoir une femme et des enfants. Dans le cas du pasteur, ça n’est pas seulement lui, mais aussi sa femme et ses enfants qui évangélisent.
  • Voyons tous les signes positifs de ces chrétiens qui s’engagent auprès des plus pauvres, soyons-en fiers.
  • Les gens ont soif d’amour, soif de Dieu. Ils se rendent comptent, si on s’y prend bien, que l’Eglise bien souvent n’est pas ce qu’ils croient. Nombre de personnes ne vont plus à l’Eglise depuis longtemps, mais sont profondément chercheuses de sens.
  • L’Eglise n’est pas morte, Dieu sera avec nous jusqu’à la fin des temps.
  • Continuons à semer des graines. Il y a de telles raisons d’espérer quand on rencontre des jeunes ou des adultes qui font une démarche en vue du baptême, ou d’un autre sacrement !
  • L’amour du Christ est avec nous. Cette crise est l’occasion d’ouvrir de nouvelles perspectives. 

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On éteint la télé et on retourne à une activité normale ?
Eh bien non !
RCF vous proposera prochainement l’occasion de vous engager dans cette réflexion-action qui nous permettra de ne pas laisser lettre morte la spectaculaire mobilisation d’hier soir, et d'aller bien plus loin !

Pauline Noack Fraissignes, directrice de RCF Haute-Normandie

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