Le passé est passé : n'en parlons plus ? Notre société et son "culte du présent met notre histoire en panne", peut-on lire en introduction de la revue Christus dont le numéro de janvier 2018 a pour thème "Une Histoire qui nous relie" (n°257). Parce que cette mémoire collective constitue, au fil des générations, un vrai patrimoine culturel, politique, religieux, il est nécessaire d'en avoir conscience et de la relire.
"Si je veux prendre de bonnes décisions, inspirées de l'Évangile, qui peut-être disent quelque chose de la volonté de Dieu, il est absolument nécessaire de relire son histoire, l'histoire de sa foi." Notre passé est nécessairement fait de choix, d'erreurs, de réussites... Et on n'est jamais totalement seul. À ce titre, pour le P. de Maindreville, tenir son journal intime est un exercice plein de vertus.
Et si l'on est devant une décision à prendre, "il est très important et préférable d'être aidé par un accompagnateur expérimenté", observe le jésuite. Un accompagnement pour permet d'être écouté et d'écouter soi-même, de reformuler, de renvoyer des événements passés auxquels on ne pense pas.
Si relire sa propre histoire n'est pas toujours simple, c'est que nous sommes "membres d'un peuple et que ce peuple aujourd'hui est assez fracturé", observe le P. Rémi de Maindreville. Et que notre histoire fait appel à des mémoires collectives qui sont différentes. "Il faut qu'on arrive à faire une histoire commune pour pouvoir mieux vivre ensemble." Histoire commune dans laquelle, comme le montre la revue Christus, on peut entrer que ce soit à l'échelle d'une nation ou d'une famille. On s'inscrit petit à petit dans une autre histoire...
"À un niveau collectif comme personnel on a besoin de se raconter des histoires, certains événements deviennent plus gros dans notre histoire car on a besoin de mythes fondateurs." On a besoin collectivement de s'appuyer sur des bases solides pour se raconter une histoire, se conforter dans un passé. Pourquoi a-t-on gardé la prise de la Bastille comme événement fondateur alors que "historiquement, des journées de guérilla urbaine, il y en a eu plusieurs au cours de la Révolution", comme le remarque le P. Subtil.
Qu'il soit personnel ou collectif, le passé est fait de bonnes et de mauvaises choses, de liens très affectifs fraternels ou amicaux, mais aussi de déchirements, de blessures, de disputes. Comment est-ce que tout cela trouve son sens? "On a besoin de comprendre, on a besoin de déchiffrer ce qui nous arrive", témoigne Françoise Evenou. Dans "La Rencontre" (éd. Nouvelle Cité) elle fait le récit de sa quête de sens. À 38 ans, elle avait beau avoir "une belle famille, un mari aimant, un super job", la mort de son père l'a confrontée pour la première fois de sa vie à "la réalité de la mort". De là est né un questionnement et une quête de sens qui a duré cinq ans. Jusqu'à son expérience "bouleversante", une "rencontre avec le Christ qui a métamorphosé toute [sa] vie". "J'ai fait cette expérience littéralement d'être sauvée, d'être réconciliée avec moi-même."
Au fond c'est quoi vivre? Une question vertigineuse si on y réfléchit, mais la relecture de son passé est indispensable pour qui veut tenter une réponse. Écrire "pour retrouver la vitalité et sève de cette expérience", c'est désormais ce à quo ise consacre Françoise Evenou. Elle vient de publier "L'appel des Oliviers" (éd. Salvator). Un histoire d'héritage et du lien avec notre passé.
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