Ils ne travaillent pas, ils volent, ils sont sales... Le moins qu'on puisse dire c'est que sur les gens du voyage les clichés ont la vie dure. Ils se sentent souvent mal perçus par le reste de la société, le poids du regard des autres est parfois lourd. Poutant les gens du voyage sont missionnaires dans ce monde qui souvent veut les exclure. Sr Elisabeth Drzewiecki et Anne Kerléo nous donnent rendez-vous avec une communauté de gens du voyage. Sur RCF, ils partagent un peu de leur vie. Ils racontent leur histoire de peuple nomade riche d'une longue tradition, ils confient leurs liens familiaux très forts. Ils témoignent surtout de la joie qui les habite, celle de vivre leur foi chrétienne qui occupe une place centrale dans leur vie. Leur joie aussi d'évangéliser, de pèlerinage en pèlerinage.
"Annoncer la Bonne nouvelle: c'est pour ça qu'on aime tant Dieu et le voyage"
Les communautés des gens du voyage
Vivre en communauté pour les gens du voyage, c'est vivre à plusieurs familles, comme l'explique Petite Rose, mère de famille et grand-mère. Une communauté de plusieurs caravanes réunit toujours au minimum les parents, les enfants, les petits-enfants et les grands-parents. Parfois on se retrouve l'été avec les cousins, cousines, oncles et tantes. Être ensemble, jeunes et vieux, pour eux c'est cela faire communauté. "Si on était tout seul sans notre communauté on serait malheureux", confie Jimmy. Le respect des anciens fait partie de ce qui cimente la communauté.
Gens du voyage. On parle souvent pêle-mêle des Manouches, des Sinté, des Roms, des Yéniches... Or chaque ethnie a ses coutumes qui lui sont propres, mais toutes ont deux points communs: le voyage et la religion chrétienne. "On est un peuple vraiment chrétien, explique Jimmy, on peut dire que le peuple du voyage aime Dieu, on est à 80% tous croyants."

aimer Dieu et le voyage
Parmi les Gens du voyage, il y a des catholiques, des évangéliques... Pour Jimmy, se "reposer sur l'Église catholique" est "une grâce". "Aller dans le monde, annoncer la Bonne nouvelle: ça faut croire qu'on l'a pris à la lettre!" Cet été, lui et sa communauté sont partis en mission dans l'Essonne. Évangéliser: c'est ce qui donne sens au voyage auquel ils sont si attachés - ou plutôt, qui fait partie de leur identité. "Annoncer la Bonne nouvelle: c'est pour ça qu'on aime tant Dieu et le voyage."
"Partir c'est un besoin vital que l'on ressent au fond de nous", témoigne Petite Rose. Mais pour Jonathan, le besoin de partir ne concerne pas seulement les gens du voyage. En fait, "c'est un besoin de l'humanité, pendant des siècles l'humanité a été nomade", rappelle-t-il. C'est pour cela que les Gens du voyage nomment les sédentaires "gadjo", car le terme signifie esclave. L'esclavage de celui qui ne peut plus partir une fois qu'il a planté du blé. Les communautés des Gens du voyage sont en quelque sorte les derniers témoins de ce besoin vital qu'a l'humanité de se déplacer. "Un besoin vital qui ne s'exprime pas."

©Sr Elisabeth Drzewiecki/P&F - Jimmy, de son vrai prénom Jacques
Changer le regard sur les gens du voyage
Le diocèse d'Évry a lancé en 2011 la paroisse Bienheureux-Ceferino-Giménez-Malla: la première paroisse personnelle pour les "Gens du voyage". "Ce qui est assez différent d'une aumônerie, explique le P. Frédéric Gatineau, là les voyageurs se prennent en charge et organisent leur paroisse."
Une initiative de Mgr Michel Dubost qui contribue à changer le regard que l'on porte parfois sur les gens du voyage, à propos desquels les clichés ont la vie dure. "À travers notre vie de foi et notre implication dans la paroisse personnelle pour les "Gens du voyage", on veut essayer de faire changer ce regard des gens sur nous", témoigne Michel, qui constate que le changement de regard se fait petit à petit.
©Sr Elisabeth Drzewiecki/P&F - P. Frédéric Gatineau, prêtre modérateur de la paroisse des Gens du voyage du diocèse d'Évry
