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Trop d'enfants handicapés placés à tort à l'aide sociale à l'enfance (ASE)
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Trop d'enfants handicapés placés à tort à l'aide sociale à l'enfance (ASE)

RCF,  -  Modifié le 8 septembre 2020
Près d’un tiers des enfants pris en charge par la protection de l’enfance sont handicapés. Pourquoi ces enfants ne sont ils pas dans les dispositifs adaptés aux personnes handicapées ?

C’est énorme, et c’est Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, qui le révélait lui-même sur la chaine Public Sénat le 13 février dernier : « 30 pour cent des gamins de l’aide sociale à l’enfance sont porteurs d’un handicap » disait-il. Or l’aide sociale à l’enfance, ASE, concerne des familles qui ont des difficultés qui risquent de compromettre gravement l’équilibre de leurs enfants. Elle ne devrait donc concerner des familles ayant des enfants handicapés que de façon très exceptionnelle et très temporaire, puisque ces enfants bénéficient normalement des dispositifs médico-sociaux ajustés à leur handicap.

On peut donc s’étonner que tant d’enfants handicapés soient ainsi pris en charge par l’ASE

Elles sont multiples selon le secrétaire d’état : la survenue du handicap est plus fréquente dans les milieux défavorisés ; le manque de place en établissements et en services d’accompagnement spécialisés conduit parfois à des situations de détresse : faute de mieux, c’est l’ASE ; et pire encore, certains parents sont suspectés à tort parfois de ne pas s’occuper correctement de leur enfant handicapé. Ils font alors l’objet d’une information préoccupante, qui déclenche les mesures de protection par l’ASE et le placement de l’enfant.

A tort ? Ca arrive vraiment ?

Ca avait été le cas de Rachel, dont la situation avait défrayé les médias et mobilisé deux ministres en sa faveur entre 2015 et 2019. Cette maman de trois enfants avait fait l’objet de trois décisions de justice successives, avec à chaque fois des mesures de placement de ses enfants – on la pensait incapable, et on pensait même qu’elle était la cause des difficultés de ses enfants, jusqu’à ce que qu’ils soient finalement reconnus… autistes !

Rachel, avec ses pauvres moyens, - elle souffrait elle-même d’un léger handicap - mais de toutes ses forces, se battait pour qu’ils soient bien diagnostiqués et correctement accompagnés. Mais ce n’était hélas pas la compétence de la protection de l’enfance à qui étaient confiés ses enfants, ça aurait été celle des Maison Départementales des personnes handicapées, qui ne les voyait pas.

On devrait apporter à ces enfants une attention d’autant plus grande, c’est tout à fait paradoxal.

C’est exactement ce qu’avait noté la défenseure des enfants dans un rapport sur ce sujet en 2015, je cite : « Ces enfants doublement vulnérables devraient bénéficier d’une double attention et d’une double protection ». Et c’est l’inverse qui se produit. « Quand vous êtes au croisement de deux politiques publics – explique Adrien Taquet - vous tombez dans le trou entre les deux » Et notre ministre de lancer enfin un plan d’action pour que ce trou soit comblé, entre dispositifs de l’ASE et dispositifs du handicap. C’est l’intérêt de ces enfants – ils sont quand même plus de 70 000 en France ! – et celui de leurs parents, comme Rachel. Tous, parents et enfants, resteront marqués à vie par l’épreuve de cette maltraitance institutionnelle.
 

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