Demain je m'y mets, une chronique de l'émission Commune Planète - Retrouvez cette chronique dans l'émission Commune Planète du 19 juin, sur le thème "Faut-il en finir avec l'avion ?"
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Olivier Vergeynst est le fondateur de Green IT Belgium, il est aussi membre du Collectif GreenIT.fr et de l’Institut du numérique responsable. Dans COMMUNE PLANÈTE, le magazine de l'écologie sur RCF, il établit un parallèle entre la sobriété numérique et le bon usage de l'avion.
Saviez-vous que les mangues de qualité arrivent par avion ? J'adore les mangues et j'adore les avions. Mais la mangue par avion, ce n'est pas juste un luxe, c'est un geste qui pollue, sans parler des conditions sociales très discutables qui entourent souvent les fruits exotiques. Alors, la mangue qu'on encense pour son goût et ses qualités nutritionnelles va-t-elle devenir le fruit interdit ? Et l'avion, qui a fait rêver tant de générations et que tout le monde pointe maintenant du doigt comme l'un des grands coupables du changement climatique, va-t-il changer complètement, que ce soit à cause de la pollution qu'il génère ou de la crise du coronavirus? Cette crise et le confinement ont amené d'autres changements de société marquants : le télétravail en masse et une dépendance totale aux équipements numériques. On les utilise pour accomplir nos gestes quotidiens, de la discussion avec les collègues aux courses en ligne.
le numérique et l'aviation
Va-t-on bientôt pointer du doigt le numérique comme les avions ? C’est une vraie question, car comme je vous en ai parlé dans mes chroniques précédentes, le numérique pollue beaucoup lui aussi, par exemple il émet autant de gaz à effet de serre que l'aviation civile. L'impact environnemental du numérique vient en partie des fameux data centers ou des heures que vous passez en ligne à regarder des vidéos de chats sur YouTube. Mais on l'ignore trop souvent, la majorité de cet impact environnemental vient avant tout de la fabrication des nos smartphones, de nos ordinateurs portables, de nos grandes télévisions et de tous nos objets connectés.
Le geste "barrière" contre cette pollution, c'est de garder nos équipements le plus longtemps possible. Ne pas les remplacer pour le plaisir d'exhiber fièrement le dernier modèle à la mode. Leur donner une seconde vie si l'on n'en a plus l'utilité, ne pas les garder au fond d'une armoire ni les jeter. Le recyclage ne doit venir qu'en dernier recours, car le reconditionnement est beaucoup plus efficace pour réduire l'impact environnemental de nos équipements et pour générer de l'emploi. Une vraie économie locale et circulaire est possible aussi dans le numérique, elle se développe en France et en Europe, trop lentement encore mais cela va sans doute s'accélérer. L'Europe en fait d'ailleurs une priorité à travers son Green Deal.
la méthode BISOU, pour nous aider à être des citoyens consommateurs vertueux
Une bonne idée, qui fonctionne pour tous vos achats et que votre portefeuille va adorer, c'est d'appliquer la méthode BISOU des écoloHumanistes.
- Avec un B comme besoin : à quel besoin cet achat répond-il ?
- I comme immédiat, pouvez-vous attendre quelques jours avant de vous décider ?
- S comme semblable, avez-vous déjà un objet qui a quasiment la même utilité ?
- O comme origine, quelle est l'origine de ce produit ?
- U comme utile, cet objet va-t-il vous apporter un confort primordial ?
Besoin, Immédiat, Semblable, Origine, Utile : BISOU. Réfléchir à nos usages, prendre des décisions en connaissance de cause, en étant informé des impacts de nos choix, c'est une part importante de la solution. Que ce soit pour manger une mangue, pour prendre l'avion ou pour utiliser tous ces outils numériques souvent si utiles mais parfois si futiles. Finalement, le geste barrière contre les impacts environnementaux de nos actions, n'est-ce pas simplement la sobriété ? Alors, dès demain, pensez à la méthode BISOU !