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Violences obstétricales, la fin d'un tabou
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Violences obstétricales, la fin d'un tabou

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
Depuis les propos de Marlène Shiappa le débat enfle sur les violences obstétricales. Et si c'était une certaine médecine qui était visée, où la technique prend le pas sur l'écoute?
Photo by freestocks.org on Unsplash - Photo by freestocks.org on Unsplash -

Épisiotomie imposée, actes gynécologiques irrespectueux, propos déplacés et humiliants... Sur les violences obstétricales, depuis cet été la parole des femmes se libère. Lundi 24 juillet, Marlène Shiappa a pris la parole au Sénat et avancé le chiffre de 75% d'épisiotomies en France. Un chiffre remis en cause par la suite mais qui a relancé un sujet qui couvait depuis de longs mois. Le 5 octobre 2017 est sorti en librairie "Le livre noir de la gynécologie" (éd. First) de la journaliste et documentariste Mélanie Déchalotte. Si le débat est houleux, il a le mérite de questionner la façon dont la médecine se pratique au XXIè siècle.
 

"Ce mouvement contre les gynéco s'inscrit dans un mouvement plus large de montée en puissance des usagers de la santé"

 

jeunes gynéco, "Nous ne sommes pas des bourreaux"

Parmi les professionnels du secteur on vit assez mal ce qui est perçu comme un "gynéco-bashing". Le 12 septembre, dans une lettre ouverte, de jeunes gynécologues ont employé des termes forts, "nous ne sommes pas des bourreaux". Les chiffres annoncés par la secrétaire d'État ont d'ailleurs été reprécisés par de nombreux médias, qui ont repris les chiffres de l'Inserm: en 2010 le nombre d'épisiotomies était autour de 27%.

Les observateurs s'étonnent de l'ampleur du débat. Même à la Société d'histoire de la naissance, que préside l'historienne Marie-France Morel, on s'en étonne. "Il faut aussi modérer ces plaintes qu'on entend maintenant sur les réseaux sociaux", pour Marie-France Morel, qui avance un autre chiffre de l'Inserm: "88% des femmes sont contentes de leur accouchement".

Parmi les arguments avancés, certains dénoncent les effets d'une société patriarcale et d'une domination masculine. Or "aujourd'hui 75% des gynécoloques sont des femmes", observe Pierre Bienvault, auteur de l'article "La parole se libère autour des « violences » obstétricales", publié dans La Croix. Des femmes qui pour la plupart ont choisi ce métier pour aider les femmes et qui sont par ailleurs de la même génération que ceux qui prennent la parole sur les réseaux sociaux.

 



 

La relation patient-praticien, enrichir le débat

Les violences obstétricales, "un sujet qu'on avait vu venir", explique Hélène Carrère, administratrice du Ciane (Collectif interassociatif autour de la naissance). Pour Pierre Bienvault, "ce mouvement contre les gynéco s'inscrit dans un mouvement plus large de montée en puissance des usagers de la santé". À travers ce débat ce qui est mis en cause c'est la relation patient-praticien.

"La parole ne se libère pas contre une profession, mais contre des pratiques", pour Alba Horvat. Et par "pratiques" elle entend déclenchement de la naissance ou injections abusives d'Ocytocine, etc. Si le praticien parfois se focalise sur l'aspect techique des actes, c'est parfois au détriment d'une qualité de présence et d'écoute que le patient attend.

Et si les professionnels de santé souffraient eux aussi de la généralisation de certaines pratiques? Pour la porte-parole de la Fondation des femme, ce type de débat peut être bien accueilli par les professionnels de santé eux-mêmes. Le guide juridique proposé par la Fondation des femmes à destination des femmes enceintes a ainsi été mis au point avec des sage-femmes, des gynécologues et des associations. Il vise à aider les femmes enceintes à connaître leurs droits - on peut le télécharger sur le site de l'association.

 

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