Au risque de la Parole RCF - page 10

La fin du chapitre 13 de St Marc passe du grandiose au quotidien. Marc revient à la grande image du figuier. Ce qui compte ici, après la disqualification du Temple, c'est l'obole de la veuve, c'est le figuier, c'est donc le retour au quotidien. Il s'agit de décrypter les signes et de prendre conscience des compétences que nous avons : les compétences du jardinier qui travaille dans la lenteur.

Dans ce temps de Pâques, Pierre-Paul Delvaux vous propose cette rediffusion autour de la fin du chapitre 12 est marquée par les mots de Jésus "Prenez garde" à toutes ces autorités suspectes parce que tissées d'apparence et de dévoration.

Dans ce temps de Pâques, Pierre-Paul Delvaux vous propose cette rediffusion autour du début du chapitre 12 de St Marc il y a une double parabole. La parabole des vignerons homicides suit une logique toute humaine de violence. Par contre la parabole de la pierre rejetée des bâtisseurs qui devient la pierre d'angle fait basculer l'ensemble. Dieu est en dehors de la violence. C'est bien là le coeur de la révélation - la révélation change la cohérence de l'ancien monde.

Après l'appel des 4 premiers disciples, Matthieu ne mentionne que son appel à lui, bien plus loin dans le texte. Tout de suite, dans un sommaire, on voit Jésus agir : il proclame, il enseigne, il guérit. Et le succès est immense.

L'appel des premiers disciples est marqué pour le mot "aussitôt" comme s'il s'agissait d'un coup de foudre. Par ailleurs Jésus les aborde dans l'exercice de leur métier - ce sont des pêcheurs. C'est toujours sa manière. Les verbes utilisés sont significatifs : alors que le premier verbe signifie "suivre derrière" le deuxième verbe signifie "suivre avec ou accompagner.

Le chapitre 13 de St Marc est écrit dans un style apocalyptique à première vue. Jésus annonce les douleurs, non les douleurs d'un effondrement mais les douleurs de l'enfantement, ce qui est très différent. Ce passage illustre une période qui est celle d'un "tremblement de terre du sens". C'était le cas au moment où l'évangile a été écrit. C'est sans doute le cas aussi pour notre époque. Ce qui est en cause ici c'est la trahison, la trahison du Temple mais aussi la trahison des proches, frères, pères et fils. Ces trahisons sont "abomination de la désolation". Malgré ceci, le texte n'est pas menaçant. Il invite à ne pas plâner, à rester vigilant et à tenir bon. En se méfiant de tous ceux qui savent.

Nous sommes à la fin de la 2e introduction à l'évangile : "Convertissez-vous car le royaume de Dieu est proche." La conversion ici c'est la "métanoia" mot grec que l'on peut traduire par "le changement de regard...". Dit familèrement "le changement de lunettes." En disant cela Matthieu nous délivre le condensé de son message.

Avec le chapitre 13 le ton change. Un ton apocalyptique ? Oui et non. Jésus annonce un tremblement de terre du sens. Le leitmotiv de ce passage est "Prenez Garde". Exercez votre discernement. En fait, Jésus annonce les douleurs de l'enfantement et non les douleurs d'un effondrement. Il sera question de peurs, des peurs bien légitimes - rappelons-nous que le Temple venait d'être détruit par les Romains au moment où Marc écrit ceci. Les persécutions sont nombreuses. S'il y a peur, ce sera, dans la perspective évangélique, une peur traversée.

Le bapême de Jésus et les tentations au désert forment un tout en deux volets et ce tout est comme une 2e introduction à l'évangile de Matthieu. Juste après nous assisterons à l'appel des premiers disciples. Jésus entrera dans sa vie active. Ici, Jésus prend le relai de Jean Baptiste avec les mêmes mots "Convertissez-vous". Mais alors que Jean était dans l'invective et la menace, Jésus, qui a traversé ses ombres avec les tentations, amène la lumière dans le pays de l'ombre, la Galilée des nations. Matthieu cite ici le chapitre 8 d'Isaïe qui est l'annonce messianique par excellence.

Le Temple et tout ce qu'il représente va être détruit. Ce qui restera c'est le don comme celui de la veuve pauvre (à la fin du chapitre 12). Le ton du chapitre 13 change, c'est un ton apocalyptique dans un sens bien précis : pas des secousses de destruction mais des secousses d'engendrement. En effet la clé du chapitre 13 c'est qu'il y aura des tremblements de terre du sens. Jésus répète son avertissement : "prenez garde". Il nous invite au discernement et à l'espérance. A entrer comme la veuve pauvre dans la logique du don qui est justice ET bonté. Nous sommes avec Dieu dans une responsabilité conjointe de l'espérance.

Encore quelques mots sur la 3e tentation et puis une vision d'ensemble des trois tentations. Jésus vit un passage initiatique. Il est aux prises avec tout ce qui est limite et avec les "règles du jeu" de l'incarnation. La tactique du diable est de tordre le désir et de brouiller les cartes. Toutes les tentations ne sont pas mauvaises, le tout est de discerner. Satan nous suggère toujours de refuser le manque et les limites. Jésus traverse ses ombres et donc les ombres de tout homme. Juste après il s'intalle en Galilée, le "pays de l'ombre". Il a assumé son incarnation.

La fin du chapitre 12 est marquée par les mots de Jésus "Prenez garde" à toutes ces autorités suspectes parce que tissées d'apparence et de dévoration.

La 3e tentation a pour cadre la montagne qui est un lieu d'autorité dans la Bible. L'autorité selon le coeur de Dieu est faite de douceur et non de maîtrise ou de soumission. La tentation ici fait référence à l'idolâtrie qui est l'oubli de Dieu. Relire Deutéronome chapitres 6 et 8. C'est la tentation de se passer de ce qui nous précède. En outre Satan propose à Jésus de se prosterner devant lui et ce verbe est réservé à Dieu justement.

Tout ce chapitre s'inscrit dans le sillage de la question : "De quelle autorité fais-tu cela ?" La tension, nous l'avons vu, augmente d'autant que Jésus met en cause le Temple et tout ce qu'il représente. Cette fois c'est un scribe qui se trouve proche du royaume. Ce n'est pas vraiment un répit, mais il y a un petit espace de désir. Suivent alors quelques versets énigmatiques, à comprendre dans la perspective de la question sur l'autorité : Jésus aurait une autorité antérieure à celle de David. Nous allons bientôt lire un épisode qui est sans doute le sommet de ce chapitre : l'offrande de la veuve pauvre.

Au chapitre 1 de St Matthieu c'est l'annonce à Joseph. Le texte est subtil : Joseph qui est un homme juste, vit un débat intérieur : va-t-il renvoyer Marie, la renvoyer en secret? Cette solution est impossible. Ils sont fiancés. Les fiancailles sont publiques. Une rupture ne peut être secrète. Par ailleurs la grossesse de Marie sera bientôt de notoriété publique. Joseph a l'intuition qu'il faut "ombrer" Marie, qu'il faut protéger la vie. Et il le fait sans trop comprendre. Un songe confirme sa décision.

Au chapitre 1 de St Matthieu à partir du verset 18. C'est surtout le verset 19 qui est commenté ici : la perplexité de Joseph, son débat intérieur. Le verset recèle des incohérences que les différents traducteurs ont de la peine à résoudre. C'est finalement pour souligner le fait que Joseph est avant tout un homme juste. La justice sera un des fils rouges de tout l'évangile de Matthieu. La justice de Dieu c'est l'alliance et la réciprocité. C'est faire passer la vie au-delà de la simple justice.

Le tension monte tout au long du chapitre 12 de St Marc. La scène traitée ici est moins tendue en apparence. C'est un scribe et non un groupe qui pose une question dénuée d'arrière pensée. La réponse de Jésus est étonnante parce qu'il joint deux passages de l'Ecriture.

Au début du chapitre 4 de St Matthieu, Jésus jeûne 40 jours et 40 nuits. Allusion à Moïse (2 épisodes) et à Elie (1 épisode). Ce jeûne introduit à un moment très intense de révélation et de grâce. Voir Exode 24 et Exode 34 pour Moïse ou encore 1 Rois 19 pour Elie.

Suite des attaques contre Jésus. les Sadducéens cette fois. Ils proposent une question alambiquée : la femme qui a eu 7 maris. Au-delà de cette question qui a un côté grostesque, il y a la préoccupation du lévirat qui considère que tout homme doit avoir une descendance. Jésus accepte la question mais la dépasse. Il dépasse l'imaginaire commun qui veut que l'homme prenne femme et que la femme soit prise. Il propose une nouvelle logique, un nouvel imaginaire et ce dans la logique de l'alliance. Jésus récuse la logique de la toute-puissance au profit de la puissance créatrice. Nous sommes mis en chemin par toute rencontre véritable et Dieu est sur ce chemin.

Les tentations juste après le baptème sont pour Jésus un moment d'investiture. Jésus parcourt à nouveau tout l'itinéraire de son peuple, donc le désert et les tentations. On peut dire qu'ici Jésus grandit en humanité. Il connaît ce que nous connaissons tous. Cette première tentation est d'abord marquée par le nombre 40 : 40 ans dans le désert. 40 le temps de l'épreuve et de l'expérience.