Au risque de la Parole RCF - page 12

Le chapitre 21 de St Jean est un ajout. Un grand moment de poésie autour d'une pêche surabondante et d'un repas. L'eucharistie est ici présente en filigrane. Et puis c'est le moment de l'amour redonnée. Pierre est retabli dans l'amour. Par trois fois avec des verbes de plus en plus forts, Pierre est confirmé dans le fait qu'il pourra à nouveau aimer. Jusqu'à donner la paix aux autres.

Toujours ce passage essentiel où Jésus invite à prendre sa croix. La souffrance n'est pas du côté de Dieu. Dieu ne vient pas faire notre travail à notre place.

Après le tombeau vide, c'est la rencontre avec Marie Magdeleine : "Ne me retiens pas ainsi" cette parole est dans le droit du discours après la Cène où Jésus remonte vers son Père.

"Prendre sa croix". Expression qui a souvent été déformée. C'est prendre sa vie en main. C'est traverser nos blessures. Toujours mettre l'Ego en lien avec les autres.

Le chapitre 20 de St Jean raconte un des épisodes majeurs dans l'histoire des convictions : "Il vit et il crut..." C'est de Jean lui-même qu'il s'agit. Il vit un tombeau vide, un corps manquant. C'est le point de rupture qui annonce une nouvelle présence déjà signalée dans le discours après la Cène. Texte d'une grande sobritété, marqué par le contraste entre le dehors et le dedans.

Aux versets 27 à 33, nous sommes exactement au milieu de l'évangile. (Pour les anciens cela a du sens). C'est le moment décisif où Jésus pose la question : "Et pour vous qui suis-je ?" C'est Pierre qui répond pour tous les autres. Mais tout de suite après Jésus annonce qu'il devra souffrir. Pierre alors se dresse sur sa route et Jésus le remet à sa place avec violence. Oui, tout n'est pas doux dans l'évangile.

Le chapitre 17 est le sommet du discours après la Cène. Apparement, Jésus entre dans l'intimité du Père mais c'est pour nous y introduire. Ce discours est une sorte de bond vers l'éternité. Il n'y a pas moyen d'aller plus loin dans notre méditation. Le désir de totalité est ici rencontré, une totalité ouverte (pas centrée sur soi ni sur le pouvoir) une totalité de la relation offerte. Pour l'éternité nous pouvons devenir des êtres de relation. C'est en cela que nous sommes semblables à Dieu.

Au chapitre 8 de St Marc versets 22 à 26. La guérison d'un aveugle. Cet épisode où Jésus fait cela en deux temps est propre à St Marc. Beaucoup de thèmes se retrouvent ici en reprise, en insistance : Jésus éloigne l'aveugle de la foule, il le touche puis dans un deuxième temps il lui met les mains sur les yeux ce qui revient à lui ôter la vue pour quelques instants. Rien de tout cela n'est gratuit chez St Marc. Rappelons que cet épisode se situe juste avant le sommet du milieu de l'Evangile de Marc, le moment où Jésus demande "Qui suis-je?" Une fois de plus St Marc est un remarquable écrivain.

Le discours après la Cène est sans doute le sommet de l'Evangile de Jean. C'est le moment où Jésus annonce son départ nécessaire pour laisser place à une autre présence, celle de l'Esprit et sa joie imprenable. C'est bien l'avènement d'un nouvel être de liberté et de joie. L'ultime révélation de sa vérité est l'unité - non pas l'unité sous une autorité quelle qu'elle soit - mais le rassemblement dans l'être, la plénitude de l'être.

A la fin du chapitre 7 de St Marc, une nouvelle guérison où Jésus propose un signe et non un signal. Le signal est un signe saturé, évident qui nous dispense de croire et Jésus va toujours refuser ce genre de signal. Il s'adresse à ce qui dans l'homme peut s'ouvrir à la confiance, au don et donc au risque de l''amour. Il est significatif que cette guérison se passe à l'écart de la foule. L'essentiel se passe toujours dans l'intimité. La foule, elle, n'est pas guérie et elle se répand en subtiles incohérences. Ils attendent un messie "bouche-trou" et Jésus est par rapport à ce messie-là un anti-messie.

Au chapitre 16 de St Jean, Jésus parle à ses discilples de l'affliction et de la joie qu'ils vont vivre. Le passage sera difficile. Il s'agit d'un dépassement. Pour mieux se faire comprendre Jésus utilise l'image de la femme qui accouche : elle est triste parce que son heure est venue, mais ensuite elle est tout à la joie d'avoir mis un homme au monde. Notre chemin dans la foi est semblable au travail d'un accouchement. S'accoucher est la meilleure définition de la foi.

L'épisode de la Syro-phénicienne est fulgurant. Jésus lui-même est transformé par la parole de cette femme. C'est la force de la parole de l'étranger. Nous sommes dans le domaine de cette foi que nous pouvons manifester à l'autre pour le mettre au monde. Nous sommes tous les maïeuticiens (la science des sages-femmes). Et cette parole de confiance est l'exact opposé du mensonge.

Le discours après la Cène est comparable à une symphonie. Des thèmes s'entremêlent, se répètent. Quelques fois un thème nouveau apparaît. Ici c'est toujours les grands thèmes de l'amour et celui de l'intimité de Jésus avec son Père qui sont très présents. Mais deux thèmes nouveaux apparaîssent : la joie et le dépassement qui sont proposés à celui qui veut suivre l'Esprit. La connaissance de Dieu n'est possible que dans le retournement, le déchirement, le dépassement...

Suite à la discussion sur le pur et l'impur, ce que vise le royaume de Dieu c'est le rapport de l'homme à son intériorité. En fait on peut beacoup parler de Dieu pour faire taire sa proposition d'entrer dans la logique du don. Ensuite l'épisiode de la syro-phénicienne transforme Jésus lui-même : une frontière humaine ou religieuse ne peut plus limiter l'entrée dans la logique du don qui est proposée. Le plus étrange ici : c'est la parole de cette femme qui amène la guérison. A suivre dans l'émission suivante.

Concision et sobriété. Plusieurs grands moments : - un moment de tendresse quand Jésus confie sa mère à l'apôtre Jean - avec la cri "j'ai soif" une allusion à la Samaritaine - des citations des psaumes 22 et 69 - le fait que Jésus ne meurt pas mais qu'il "rend l'esprit", geste par lequel il nous introduit dans l'éternité - le moment du courage de Joseph d'Arimathie et de Nicodème - la jardin apaisant où l'on dépose Jésus dans un tombeau neuf

Aux versets 27 à 33, nous sommes exactement au milieu de l'évangile. (Pour les anciens cela a du sens.) C'est le moment décisif où Jésus pose la question : "Et pour vous qui suis-je ?" C'est Pierre qui répond pour tous les autres. Mais tout de suite après Jésus annonce qu'il devra souffrir. Pierre alors se dresse sur sa route et Jésus le remet à sa place avec violence. Oui, tout n'est pas doux dans l'évangile.