Nous offrir - page 2

Une lecture, à deux voix, en ce dimanche des Rameaux proposée par Madame Stéphane Michon et Monsieur Thierry Monfils.

Chloé Zabotto et Angélique Jodel, infirmières, travaillent au Centre d'aide et de soins (CAS) de la Fondation Hëllef Doheem ("Aide à domicile") à Luxembourg. Chloé et Angélique partagent ici leur expérience des soins à domicile. Leurs patients ont tous les âges : du jeune enfant à la personne âgée en perte d'autonomie. Leur approche s'efforce de maintenir les patients à domicile, en encourageant leur autonomie, dans le respect de leur rythme de vie. Bien sûr elles donnent des soins infirmiers (piqûres, pose de bas de contention...) mais aussi des soins comme la douche, la toilette, les repas, l'aide pour une sortie. Globalement, leur service leur fournit du bon matériel ; parfois les pansements sont fournis par les patients. Quelles sont les attentes des personnes ? Que l'infirmière prenne le temps, soit ponctuelle, aimable et habitée d'empathie : pour certains patients, l'infirmière est la seule personne qu'ils rencontrent dans la journée. L'atmosphère de leur travail est très positive. Chloé et Angélique ont aussi fondé "Petits Bouts du Monde", une association qui aide les enfants au plan socio-éducatif et médical, -- notamment à de Mayotte où seul un enfant sur deux est scolarisé ! Quant aux convictions religieuses des patients, le service établit pour chaque patient un recueil de données incluant la pratique religieuse, afin de connaître la personne avec son horaire et ses habitudes : c'est un moyen pour s'adapter à la personne avec souplesse et se mettre au mieux à son service.

Emmanuel Tourpe aborde au micro de Thierry Monfils les questions parfois difficiles du début et de la fin de vie.

Que notre conscience environnementale rejoigne notre conscience bioéthique
Emmanuel Tourpe, philosophe, enseignant, homme de médias, apporte ici des critères de discernement dans le vaste champ de la bioéthique. Il s'interroge sur la raison pour laquelle les États mettent en place des lois fort éloignées du respect des personnes, tel que la vision chrétienne du monde le prévoit. C'est que la bioéthique ne peut pas être seulement un échange rationnel: avant l'exercice de l'argumentation rationnelle, l'humanité se trouve devant des "indécidables", des données relatives à la vie humaine et à la création que l'être humain découvre avant tout au fond de son cœur et qui présentent une valeur fondamentale, intouchable, -- par exemple considérer que l'être humain est la finalité de la création. La raison va se former pour décoder ce que la nature lui enseigne; en même temps, l'action s'inscrit dans un processus de discernement qui implique une conversion: au sens de la création, à la personne, à la compréhension profonde de l'Esprit qui préside à la création. Conversion et formation sont les deux mamelles de la bioéthique.

En présentant deux facettes incontournables de la bioéthique, notre invité décrit deux mondes qui s'affrontent. D'abord, il souligne l'importance d'éviter une fausse empathie et d'entrer dans une vraie compassion. Quand nous voulons défendre la vie, il faut nous mettre à l'écoute de ces souffrances monumentales qui marquent l'existence par exemple des enfants avec un handicap ou des jeunes femmes qui portent un enfant, fruit d'une agression sexuelle. Et, avec la psychologie, la spiritualité chrétienne nous montre que si la souffrance peut être soulagée, elle est aussi incontournable. Il est une fausse empathie, qui considérerait que toute souffrance est absurde. Nous regardons la Croix et y trouvons le sens de nos souffrances, de nos limites, de nos privations, de nos manques; il est des deuils, des manques, des souffrances, qui nous construisent.
Ensuite, il faut faire la différence entre la tyrannie de la raison technocratique et le vrai pouvoir de la raison. René Descartes a eu l'intuition selon laquelle l'être humain doit par sa raison se rendre maître de la nature. Il s'en est suivi tout un courant qui a voulu connaître toutes les lois de la nature pour pouvoir la forcer, la faire plier, l'asservir. Nous ne devons pas pour autant nous débarrasser de toute raison. Mais notre raison trouve son exercice harmonieux par une attitude de respect envers la finalité interne de la nature. Au sens philosophique du terme, la nature est ce qui est né avec; nous sommes dans un Noël permanent, qui fait découvrir le sens, la finalité des choses. La raison ne peut s'arroger tous les droits sur la nature, la raison humaine peut comprendre les lois de la nature pour augmenter les capacités de l'humain à se protéger et se défendre en harmonie avec la nature. Cloner du génome humain sur du génome de porc, c'est effectuer des mutations génétiques qui vont contre le sens de l'homme. Il n'est pas bon que notre connaissance du fonctionnement du corps de la femme conduise à implanter des embryons dans le corps d'une autre femme. Le respect de l'embryon, le respect de la finalité du corps de la femme sont des "indécidables" que nous ne pouvons contourner.
Ainsi, notre invité termine son interview en appelant notre conscience environnementale à rejoindre notre conscience bioéthique. Les mêmes principes de respect de la nature, des personnes et du genre humain, devraient s'appliquer aux questions bioéthiques.

Xavier De Muylder est gynécologue, il a commencé à exercer sa profession quand l'attente d'un heureux événement acceptait l'enfant à naître tel qu'il allait se présenter. Aujourd'hui la médecine peut donner des informations sur le fœtus, ce qui induit souvent une inquiétude et une confusion : les parents veulent le meilleur pour leur enfant, ils veulent les bons gènes pour leur enfant et, si celui-ci est atteint de trisomie 21 ou porte le gène de prédisposition au cancer du sein, peuvent demander l'interruption de la grossesse. Le choix de la vie pour l'enfant trisomique est de nos jours inhabituel. Xavier De Muylder est membre de L'Arche -- qui accueille des personnes avec un handicap mental -- et témoigne du bonheur d'une patiente ayant connu le bouleversement et les séquelles d'un avortement mais voulant désormais donner la vie à son enfant trisomique. Le regard se tourne vers le futur de la génétique, qui devrait permettre de soigner le fœtus atteint d'une malformation. Christiane De Muylder, généraliste au service de personnes toxicomanes et travaillant dans un planning familial, souligne l'importance du délai de 7 jours avant de procéder à l'inrerruption de la grossesse, pour ne pas être prisonnier d'une idée préconçue (celle aujourd'hui selon laquelle il serait impossible pour une personne avec un handicap d'être heureuse).

Emmanuel Tourpe est philosophe et homme de médias, il est l'auteur de "Un temps pour souffrir et un temps pour guérir" après "Un temps pour penser et un temps pour parler" (Éditions Racine). Il nous donne ici trois fondements de la démarche humaine et chrétienne qui veut répondre aux défis de la bioéthique. D'abord il s'agit de comprendre les souffrances des personnes qui se tournent vers les sciences biomédicales. Le regard est possible grâce à l'œil des principes éthiques et à l'œil de la prière, qui compatit avec les personnes qui souffrent. Ensuite, depuis deux cents ans, la raison humaine exploite la nature pour la forcer à donner son produit; nous devons remédier à cette exploitation en nous situant dans une alliance avec la nature. Enfin, nous pouvons découvrir le rôle légitime de l'intelligence rationnelle lorsqu'elle permet de soigner, de guérir: quand la raison cherche à comprendre la nature, elle prolonge la puissance sur la nature en exerçant sur elle une douce maîtrise.

Être religieuse, c'est vivre de l'amour de Dieu. Toute sa vie, Sœur Monique Welter a été catéchiste; aujourd'hui retraitée, elle rend visite aux personnes âgées, anime des groupes bibliques et participe à des temps forts du Renouveau en Belgique. Dans sa Vidéo de ce mois (www.lavideodupape.org), le Pape François remercie les personnes consacrées, ce n'est pas banal. Le Pape y demande aussi aux religieuses de défendre ceux et celles qui sont réduits en esclavage, y compris comme accompagnateurs spirituels -- Sœur Monique vit des moments d'écoute prière, à domicile à Esch-sur-Alzette. Dans ces rencontres, la compassion de Jésus se donne à ses disciples. La Parole de Dieu touche les cœurs. La prière est la face intérieure de l'engagement à la suite du Christ Jésus. Sœur Monique souligne la réflexion du Pape pour que les religieuses ne soient pas des servantes du clergé mais annoncent le Seigneur ressuscité.

Sœur Marie-Jacques, prieure de l'abbaye de la Paix Notre-Dame à Liège, où les murs transpirent la prière et la paix. considère que la vie consacrée se trouve devant de nouvelles réponses que les moniales assument par la prière. La prière va jusqu'au bout du monde et permet d'aider tout le monde, en mobilisant Dieu pour le bien des personnes rejointes. Avec l'écoute, l'écriture de ses intentions dans un cahier de prière, les personnes éprouvées trouvent du courage dans la prière des sœurs. Sœur Marie-Jacques fait aussi des biscuits, des spéculoos, surtout à l'approche de Noël. Les Bénédictines de Liège font partie d'une Congrégation bénédictine européenne qui les relie avec des monastères de Lituanie, de Suède, de Allemagne, de Belgique, de France, de Hollande et de Catalogne: une même règle, un même esprit les unit; fin mars en sera élue la première présidente. Sœur Marie-Jacques souligne l'importance de l'Eucharistie, qui est l'amour de Dieu rencontré dans la foi, c'est le Christ qui donne sa vie pour nous, pour le monde entier. Tous y sont bienvenus, boulevard d'Avroy 54: en semaine à 12h et le dimanche à 9h30.

Sœur Danielle Faltz est religieuse de la Doctrine Chrétienne de Nancy. Fondées pour l'éducation des filles à la campagne autour de Nancy et de Toul, ces sœurs devenues âgées ne peuvent se lancer dans de nouveaux défis. Aujourd'hui, Sœur Danielle exerce une présence dans des associations (chrétiennes et autres) à Luxembourg. Comme le Pape François le dit dans sa Vidéo de ce mois, Sœur Danielle continue d’œuvrer ainsi à la défense des pauvres, des marginalisés, comme elle reste active dans l'écoute amicale et l'accompagnement spirituel des enseignantes. En Corée, des sœurs se préparent à se rendre en Corée du Nord dès que ce sera possible. En Amérique latine aussi, des sœurs sont proches des pauvres. En Afrique, les sœurs ont mis en place un hôpital. Sœur Danielle présente le courage comme une attitude intérieure, liée à l'obéissance : la vie religieuse consiste à faire confiance à d'autres pour l'orientation de sa vie. Sœur Danielle mentionne la fondation par l'Union internationale des supérieures générales a fondé une communauté d'accueil pour les réfugiés à Lampedusa. Un défi de la vie religieuse est de choisir la communauté, alors que chacune est seule devant son ordinateur: la vie communautaire est moins organisée qu'autrefois. Aimer ses sœurs qu'on voit tous les jours et qui nous piétinent tous les jours, ça vérifie ma foi et mon amour du Seigneur.

Raphaël Weickmans est Liégeois d'origine, il a étudié à Louvain-la-Neuve puis à Bamberg; il est directeur adjoint du Lycée catholique du Fieldgen à Luxembourg-ville. Il est aussi responsable de la Pastorale dans cette école; dans cette dynamique, il a fondé des groupes de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture ACAT avec des élèves. Ceux-ci prennent à cœur d'écrire chaque mois aux responsables politiques d'un pays où une personne ou un groupe souffre de violations de leur intégrité physique. Attachant beaucoup d'importance au dialogue entre les personnes de convictions différentes, l'ACAT est une organisation œcuménique qui défend la dignité de tout être humain. Ce qui rejoint l'intention du Pape François exprimée spécialement pour ce mois-ci. "Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites" (Mt 25); un chrétien ne peut se taire devant les traitements inhumains, elle défend les victimes et prie pour elles, ainsi que pour les auteurs de violences.
Une prière pour la prévention de la torture développe l'appel "Délivre-nous du mal" du Notre-Père. "Ouvre nos yeux sur toutes les situations où des être humains ne sont pas respectés, sur les lieux de détention où gifles et autres coups sont trop souvent donnés sans contrôle ni sanction, qui met à l'écart des à cause de leur nom, de leur appartenance à une religion.. Ouvre nos yeux, car les yeux fermés, c'est un signe de mort. Ouvre nos lèvres pour dénoncer les actes d'inhumanité, pour redonner l'espoir aux victimes de l'oubli, du mépris, de l'oppression. Les lèvres fermées sont un signe de mort. De tout notre être, nous voici, Dieu notre Père, pour qu'avec Ta grâce le monde soit délivré de la mort". Une discrimination pour un motif culturel et religieux est la situation des Ouïghours: l'ACAT défend cette minorité musulmane dont la liberté religieuse n'est pas encore reconnue en Chine.

Discriminations, persécutions pour des motifs religieux, fraternité interreligieuse: le dossier du webmagazine "prieraucoeurdumonde.net" propose le récit d'Alain Gleizes, de l'ACAT-France, à propos de Ramy Camel, arrêté en Égypte pour avoir défendu les droits des Coptes. L'émission mentionne la chanson Hall du rappeur Kalash MQS qui exprime son indignation devant la détention des musulmans ouïghours en Chine, les attaques récentes de jeunes radicaux contre des chrétiens en Israël. Ensuite sont présentées les interventions communes d'Alain Feuvrier, jésuite, et de son collègue Zoubir, qui donnent ensemble des cours de religion dans une école catholique de Marseille. Enfin, nous entendons Marie-Dominique Corthier dans sa lecture d'une prière de Claire Jeanpierre, du Réseau Mondial de Prière du Pape - France, qui médite sur la mort en prison du prêtre jésuite Stan Swamy, emprisonné pour avoir exprimé sa foi catholique en défendant les hors-castes en Inde.

Comment éveille-t'on à la foi? Comment la fait-on grandir? André Fossion, jésuite à Namur, présente ici les différentes logiques catéchétiques. D'abord, jusque 1950, la catéchèse doctrinale ou d'instruction de la doctrine chrétienne a fait flores; "on allait au catéchisme", on apprenait les vérités de la foi, les sacrements, la morale et la spiritualité (la prière). Puis est venue la catéchèse kérygmatique, l'annonce chaleureuse et narrative: "cet homme, Jésus-Christ, qui a passé sa vie à faire le bien, qui a annoncé le Royaume de Dieu, vous l'avez crucifié mais Dieu l'a ressuscité, croyez en Lui, vous serez sauvé"; attentive aux personnes, elle invite les auditeurs à entrer dans l'histoire du salut et à s'engager dans l'Église. Ensuite est venue la catéchèse initiatique, centrée sur la communauté, qui en vivant, croyant et agissant, invite à "entrer" et à "commencer" le chemin de la foi; l'expérience enseigne, notamment dans la liturgie communautaire. Aujourd'hui la catéchèse est nécessairement missionnaire, évangélisatrice, elle éveille à la foi. Inspirée de Cardijn, la catéchèse engagée invite à la lecture des signes des temps, elle part de la vie et des événements de l'histoire interprétés à la lumière de l'Écriture sainte. Pour aller plus loin, lisons l'ouvrage du P. André Fossion, La catéchèse dans le champ de la communication. Ses enjeux pour l'inculturation de la foi, coll. Cogitatio Fidei, Paris, Cerf. 1990.

Le Pape François nous confie ce mois-ci la prière pour les catéchistes
appelés à faire connaître la Parole de Dieu, pour qu'ils en témoignent
avec courage et créativité dans la puissance de l'Esprit Saint. Liliane
Loos, catéchiste à la paroisse Saint-Pie-X (Belair, Luxembourg),
infirmière aussi, témoigne de la recherche de Dieu: durant son enfance,
Liliane a aimé la préparation à la première communion, maintenant elle
souligne l'importance de la beauté et la paix de la liturgie, qui aident
à trouver l'amour de Dieu. Liliane aimait préparer aussi les patients
aux sacrements à l'hôpital. Liliane montre aussi comment les contacts en
Église l'ont conduite à être appelée à donner la catéchèse.

Le Pape François nous confie ce mois-ci la prière pour les catéchistes appelés à faire connaître la Parole de Dieu, pour qu'ils en témoignent avec courage et créativité dans la puissance de l'Esprit Saint. Liliane Loos, catéchiste à la paroisse Saint-Pie-X (Belair, Luxembourg), infirmière aussi, témoigne de la recherche de Dieu: durant son enfance, Liliane a aimé la préparation à la première communion, maintenant elle souligne l'importance de la beauté et la paix de la liturgie, qui aident à trouver l'amour de Dieu. Liliane aimait préparer aussi les patients aux sacrements à l'hôpital. Liliane montre aussi comment les contacts en Église l'ont conduite à être appelée à donner la catéchèse.

Dépression, burn-out : ces épreuves appellent la lumière. Le Pape François demande que nous priions et agissions pour nous tenir aux côtés des personnes dans ces épreuves. Des réponses à ce malaise sont données par Marlène Schiappa et Cédric Bruguière dans J'arrête de m'épuiser! 21 jours pour prévenir le burn-out, Paris, Éd. Eyrolles, 2020, 287 pp. : prendre un temps de loisirs, retrouver un lien social (via le syndicat ou avec un collègue bienveillant), s'ouvrir au bénévolat, lâcher le smartphone en société, prendre du temps pour nos amis, faire mémoire de nos réussites, planifier des actes simples et réalisables, bien sûr prier.

Dépression, burn-out : ces épreuves appellent la lumière. Le Pape François demande que nous priions et agissions pour nous tenir aux côtés des personnes dans ces épreuves. Des réponses à ce malaise sont données par Marlène Schiappa et Cédric Bruguière dans J'arrête de m'épuiser! 21 jours pour prévenir le burn-out, Paris, Éd. Eyrolles, 2020, 287 pp. : prendre un temps de loisirs, retrouver un lien social (via le syndicat ou avec un collègue bienveillant), s'ouvrir au bénévolat, lâcher le smartphone en société, prendre du temps pour nos amis, faire mémoire de nos réussites, planifier des actes simples et réalisables, bien sûr prier.