UN TEXTE DE DIETRICH BONHOEFFERChers amis auditeurs de RCF, dans la tourmente que nous traversons je ne me sens pas capable de faire autre chose, comme je l’ai fait la semaine dernière, que de vous partager des textes qui m’ont personnellement aidé. Il se trouve que pendant que nous étions à Lourdes, un frère évêque nous a lu un texte du théologien allemand Dietrich Bonhoeffer qui m’a réconforté et que je voudrais vous faire entendre à mon tour. Le voici.
« Dans sa grâce, Dieu ne nous permet pas de vivre, ne serait-ce que quelques semaines, dans l’Église de nos rêves… Car Dieu n’est pas un Dieu d’émotions sentimentales, mais un Dieu de vérité. C’est pourquoi seule la communauté qui ne craint pas la déception qu’inévitablement elle éprouvera en prenant conscience de toutes ses tares, pourra commencer d’être telle que Dieu la veut et saisir par la foi la promesse qui lui est faite. Il vaut mieux pour l’ensemble des croyants, et pour le croyant lui-même, que cette déception se produise le plus tôt possible. Vouloir à tout prix l’éviter et prétendre s’accrocher à une image chimérique de l’Église (…), c’est construire sur le sable et se condamner, tôt ou tard, à faire faillite. (…)
Lorsque la vie de la communauté est gravement menacée par le péché et l’incompréhension, un frère demeure un frère, même coupable. Je reste placé avec lui sous la parole du Christ (…) Le moment où se produit la grande déception dont nous avons parlé à propos de nos contacts avec les autres croyants, peut être pour nous tous une heure vraiment salutaire ; car elle nous fait comprendre que nous ne pouvons absolument pas compter, pour vivre ensemble, sur nos propres paroles, sur nos propres actions, mais uniquement sur la Parole et sur l’Action qui réellement nous lient les uns aux autres, à savoir le pardon de nos péchés par Jésus-Christ. La vraie communauté chrétienne est à ce prix : c’est quand nous cessons de rêver à son sujet qu’elle nous est donnée. (…)
Nous devons apprendre à remercier Dieu tous les jours pour la grâce qu’il nous accorde en nous plaçant dans une communauté chrétienne, quelle qu’elle soit. Il se peut qu’elle n’ait rien d’extraordinaire à nous offrir. Il se peut qu’elle se distingue plutôt par beaucoup de faiblesse, par beaucoup de difficultés intérieures et très peu de foi ; qu’importe ! (…) Il en est de la communauté des chrétiens comme de la sanctification dans notre vie personnelle : c’est un don de Dieu. »
Dietrich Bonhoeffer, pasteur luthérien né en 1906, fut exécuté par les nazis le 9 avril 1945.