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Après les révélations sur son fondateur, l'Arche "va entrer dans un processus de deuil"

Un article rédigé par Etienne Pépin - RCF,  - Modifié le 22 février 2020
Après l'annonce, ce samedi 22 février de révélations d'abus sexuels commis par Jean Vanier, Stephan Posner, responsable de l'Arche internationale évoque l'enquête et l'onde de choc.
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"Comment un homme qui a été capable d'un tel bien a pu aussi par ailleurs être sur de telles dérives? La question est vertigineuse, on ne comprend pas bien comment cela a pu cohabiter chez un même homme".  Stephan Posner, respponsable de l'Arche internationale évoque la sidération et la tristesse ressentie dans les 154 communautés de l'Arche à travers le monde, parce que, explique-t-il, "il y a un tel écart entre la représentation que nous avions de Jean et la réalité qu'on met à jour aujourd'hui". 
 

Origines de l'enquête sur Jean Vanier

Revenant sur l'enquête, Stephan Posner explique ce qui a conduit à son déclenchement: "à l'origine, il y a deux témoignages de femmes qui remettaient en cause la conduite de Jean Vanier à leur égard". Les responsables de l'Arche ont alors choisi de confier l'enquête à un organisme extérieur "pour assurer l'impartialité et l'objectivité du travail". Au cours de l'enquête, de nouveaux témoignages ont été adressés aux personnes en charge de ce travail et au final ce sont "6 femmes différentes qui rapportent toutes des faits similaires de relations sexuelles que Jean aurait initées, souvent dans un contexte d'accompagenement spirituel et systématiquement associés à un discours supposément mystique et spirituel". Les faits se sont produits sur la période 1970-2005, "indiquent une emprise psychologique et spirituelle (...) et soulignent une adhésion au moins partielle de Jean Vanier aux théories et aux pratiques du père Thomas Philippe". 
 

En complément de l'enquête, un travail de recherche historique

Sur le lien de Jean Vanier avec le père Thomas Philippe, son père spirituel et sur sa connaissance des déviances de ce dernier, un travail de recherche historique, mené en parallèlle de l'enquête a été mené. Il s'appuie sur des sources inédites:

  • "d'un côté les archives de la province de France des dominicains, qui se rapportent à l'époque du procès canonique du père Thomas Philippe dans les années 50" 
  • "et de l'autre toute une correspondance adressée à Jean Vanier par le père Thomas Philippe et quelques femmes entre les années 50 et 60".

Ce travail de recherche historique "révèle que dès les années 50 et contrairement à ce qu'il a pu nous dire, Jean Vanier était pour l'essentiel informé des motifs du procès canonique du père Thomas Philippe dans les années 50 et de sa condamnation en 1956". Le dominicain Thomas Philippe avait alors été condamné par le Vatican "à la fois pour des théories qualifiées de "fausse mystique" et pour des pratiques sexuelles qui en découlaient". Jean Vanier a donc menti aux responsables de l'Arche puisque, affirme Stephan Posner, "il savait ce qui se passait et il a manifestement reproduit ces pratiques sur une longue période de temps". 
 

L'avenir de l'Arche

Interrogé sur l'avenir de l'Arche, Stephan Posner confie qu'il est conscient de l'impact de ces révélations sur la communauté mais confiant dans sa capacité à poursuivre son oeuvre: "On est consterné, accablé, et dans le même temps je suis très confiant dans notre capacité collective à traverser une épreuve comme celle-ci". Quelques personnes en responsabilité au sein de la communauté ont été mises au courant des résultats de l'enquête avant qu'ils soient rendus publics et la plupart souhaitent poursuivre leur engagement à l'Arche. 

"Collectivement on va entrer dans un processus de deuil" décalre Stéphane Posner, deuil de l'image parfaite du fondateur de l'Arche. "Jean Vanier est notre fondateur et on ne va pas le gommer de notre histoire. Il y avait un actif considérable et on découvre qu'il y a un passif. Il va falloir qu'on assume l'un et l'autre". Travail de deuil et de compréhension: "est-ce que demain on comprendra mieux ? Ce qui est sûr c'est qu'on va devoir poursuivre notre travail de recherche pour essayer de mieux comprendre les ressorts de tels agissements". 
 

 

Eviter de mettre des personnes sur un piédestal

Lorsqu'on lui demande quels enseignements plus généraux on peut tirer de ces douloureuses révélations, Stephan Posner dit avec humilité son incertitude mais se risque quand même à une parole : "Je crois que c'est une invitation pour chacun d'entre nous à ne pas mettre des personnes sur un piédestal. Et en même temps je crois qu'il est normal et heureux qu'il y ait des personnes qui puissent être des modèles. J'espère qu'on ne perdra pas ce sens de la reconnaissance, de l'admiration, de reconnaître qu'il y a des modèles, mais en même tempsd de ne pas les idolâtrer. Il faut faire attention de ne pas penser qu'il y a des personnes au-dessus". 
 

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