"Ce qui se passe dans l’hémicycle nous inquiète. Depuis le début, c’est un projet de loi qui avance à marche forcée. Ils travaillent jour et nuit. Et il y a la question du temps de parole programmé, qui limite les interventions de l’opposition pour défendre ses amendements. On voit surtout que la majorité déborde le gouvernement, qui a mis en place une espèce de machinerie infernale, avec des députés qui viennent aggraver le texte avec des surenchères très outrancières" explique Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d'Alliance Vita.
Au sein de la majorité, explique-t-elle, "des voix se sont levées. On sent qu’il y a quelque chose qui se craquèle au sein de la majorité, une parole qui se libère. On espère que la liberté de vote de chaque député sera vraiment assurée". On ne peut que repenser à l’éviction du parti d’Agnès Thiel, ancienne député LREM, pour avoir exprimé son opposition à l’extension de la PMA.
Pour Blanche Streb, la technique et le marché viennent s’imposer dans une loi "qui vient prendre la main sur nos modes de pensée. Il y a la question du droit à l’enfant. Si on considère que le désir fait la loi, alors il n’y aura plus de limites. Et on voit déjà des demandes complémentaires comme la PMA post-mortem, ainsi qu’un glissement vers la GPA". Elle dénonce ainsi une fragilisation du principe de non-marchandisation du corps humain.
Dans une société qui fait l’apologie du bio, du naturel, Blanche Streb dénonce une forme de schizophrénie. "Faire des bébés sous la couette, c’est bio, c’est naturel, c’est gratuit. Et on va vers un système de procréation de plus en plus artificiel qui utilise la technique, la chimie, les labos, les techniciens, et qui nous revendent une capacité magnifique et naturelle de manière financière et technique. Dans un retour à la nature, il est très étonnant de considérer que c’est au corps des femmes de subir des choses lourdes, au lieu d’essayer de trouver des causes à l’infertilité" lance-t-elle.
Néanmoins, sur certains points, Blanche Streb salue la victoire des opposants au projet de loi. Dernier exemple en date, le dépistage pré-implantatoire qui faisait partie du projet de loi, et qui a été abandonné. "Nous avons vraiment été entendus sur cette question. Nous l’avons abordée très régulièrement. Et nous avons vu des députés faire des témoignages extrêmement poignants sur leur histoire personnelle, parfois avec des enfants fragiles, porteurs de handicap" lance-t-elle.
Revenant sur la manifestation de dimanche, Blanche Streb qualifie ce mouvement de "grand succès. Il y avait une foule immense, déterminée. Mais nous ne manifestons pas que contre la PMA, mais contre l’ensemble des injustices et des graves transgressions qui sont présentes dans ce projet de loi. Nous attendons une réponse du gouvernement. Edouard Philippe avait déclaré en 2013 qu’il s’opposerait à la PMA pour les couples homosexuels, ainsi qu’à la GPA. Emmanuel Macron avait indiqué qu’il n’y aurait de loi qu’avec un consensus. Il n’y a pas de consensus dans notre société. Donc nous continuerons à nous mobiliser".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !