"Nous sommes horrifiés par tous les assassinats terroristes, mais chacun peut comprendre que nous sommes particulièrement émus de voir ces prêtres assassinés alors qu’ils essayaient de faire le bien, d’aider la population durement éprouvée, d’agir pour la reconstruction des bâtiments et des cœurs. Nous sommes également en colère, car dans cette région, la Mésopotamie syrienne, on ne parle absolument pas des communautés chrétiennes. On parle de la situation des Kurdes, de la Turquie, des Russes, des Américains, des Français, des Britanniques, des autorités de Damas. Mais pas des chrétiens" dénonce Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient.
Une situation inacceptable pour le prélat, qui rappelle que les populations chrétiennes existent dans cette zone. Elles sont mêmes assez nombreuses. "Il y a des communautés diverses, des arméniens catholiques ou non, des syriens, des chaldéens, qui sont totalement au pied du débat. La communauté internationale a trop tendance à faire le silence autour de la problématique des chrétiens" ajoute-t-il.
Le directeur de l’œuvre d’Orient précise par ailleurs que l’offensive turque en Syrie, contre les Kurdes, a eu des effets collatéraux négatifs pour les communautés chrétiennes de la région. "Le chaos que cela a entraîné fragilise toujours les minorités. Les chrétiens sont minoritaires. Ce sont des gens pacifiques. Force est de reconnaître que des kurdes ont essayé malgré tout de chasser ces populations chrétiennes. Des écoles catholiques ont été saccagées. On a tiré à la kalachnikov sur un évêché pour faire peur, et pour chasser ces habitants" déplore Mgr Gollnisch.
La présence chrétienne en Mésopotamie syrienne. Elle a été accentuée en 1915 avec la fuite des chrétiens, devant le génocide turc. "Un génocide, faut-il le rappeler, où les kurdes ont prêté la main. Mettez vous à la place de ces Arméniens qui ont fui le génocide turc, et qui voient un siècle après l’armée turque arriver. Je ne sais pas si on est très conscient de ce que cela représente sur le plan de la mémoire et du symbole" lance-t-il.
Evoquant plus largement la question des minorités dans cette région du monde, le directeur de l’œuvre d’Orient estime que toutes ont droit à la sécurité. "Ce sont des gens qui sont sur leurs terres. Quitter leurs terres n’est pas anodin. Cela signifierait que toute la région est menacée. La situation des minorités chrétiennes est le point révélateur de la sécurité dans cette région. Ce sont des Syriens qui ont le droit à la sécurité. Je suis obligé de le reconnaître, mais seules les autorités de Damas prennent au sérieux la question des chrétiens. Il y a une carence de la communauté internationale" déplore-t-il.
Très en colère, le président de l’œuvre d’Orient explique que "les Allemands, les Britanniques, les Français, qui ont rejoint Daech, on est en train de les faire passer pour des victimes. Mais ce ne sont pas des victimes, ce sont eux les bourreaux. Ce sont eux qui ont torturé, qui ont rejoint Daech en toute connaissance de cause. Par conséquent il est urgent que se mette en place une justice internationale, comme on l’a fait pour la Yougoslavie, pour le Kosovo, pour le Cambodge, qui procède au jugement de ces terroristes. Cela règlerait un certain nombre de questions mal posées".
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