Eloi Laurent, économiste, chercheur à l'OFCE, prof à Sciences Po et à Stanford, intervenait dans le cadre du colloque "Réduire les inégalités une exigence économique et social", organisé par la revue Projet et une quinzaine d'associations. Il répond aux questions d'Anne Kerléo.
"L’environnement est la nouvelle frontière des inégalités. Les inégalités sociales ont une dimension environnementale qui est forte. D’une part car les conditions environnementales, on le voit bien dans une ville comme Paris, déterminent le bien-être des habitants. Quand vous avez des problèmes environnementaux locaux, comme la pollution aux particules fines, cela finit par avoir une importance très grande pour la qualité de vie des habitants. Et puis, car nous sommes au siècle du défi écologique, qui aura un impact sur l’égalité sociale au cours des prochaines décennies" explique Eloi Laurent.
"L’idée de dire que l’environnement est la nouvelle frontière des inégalités, c’est de dire que les inégalités sociales au 21ème siècle ne peuvent pas se concevoir en-dehors de la question environnementale, et des défis écologiques. L’encyclique du pape François, Laudato Si, est exactement dans cette problématique. Quand le pape François dit qu’il n’y a qu’une seule crise socio-environnementale complexe, il met en rapport les inégalités sociales et les crises écologiques. Cette réalité devient de plus en plus évidente. Elle s’impose. Les crises écologiques sont en train de détruire le bien-être humain" ajoute cet économiste.
En ce qui concerne les solutions, "il y a déjà un certain nombre de choses qui existent. Si on pense à la question de la précarité énergétique, on voit que cette question monte en puissance depuis un moment en France. Quand on pense à la question de l’exposition aux particules fines, on a des études qui mettent l’accent sur les inégalités sociales qui découlent de cette exposition aux pollutions. Même topo pour la question des perturbateurs endocriniens et des cancers liés à l’environnement". Voilà pour la France.
Au niveau européen, "l’Agence de santé européenne met un point d’honneur à publier des rapports très précis sur le coût sanitaire exorbitant des pollutions urbaines pour en faire un sujet majeur. Et puis au niveau mondial, toutes sortes d’organisations internationales mettent l’accent là-dessus pour changer les politiques en vigueur. Le but n’est pas d’en faire un sujet de recherche, mais changer les politiques publiques. Ces politiques sont en train de changer, trop lentement sans doute. Mais la prise de conscience se double d’un passage à l’acte" précise encore ce chercheur à l'OFCE.
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