L’extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules pose un certain nombre de questions sur les plans juridiques et anthropologiques.
Depuis mi-janvier ont débuté les Etats Généraux de la Bioéthique organisés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Ces Etats Généraux prennent la forme de conférences et de réunions d’informations un peu partout en France. Le but est d’aider le gouvernement à réviser la législation en la matière. Le gouvernement devrait ainsi présenter un projet de loi à l’automne prochain. Neuf grands domaines sont proposés par le CCNE à la réflexion des particuliers, et des experts.
Parmi ces domaines, figure le sujet délicat de la procréation. Intitulé "procréation et société" par le CCNE, il concerne tous les sujets qui touchent à l’assistance médicale à la procréation. L’un des points qui fait le plus débat concerne l’éventualité de l’extension de la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires et aux couples de femmes.
Quand on parle de procréation médicalement assistée ou d’assistance médicale à la procréation, on fait référence à plusieurs techniques. "Il y a trois techniques fondamentales. La première c’est l’insémination artificielle où après une stimulation ovarienne les spermatozoïdes sont déposés dans la cavité utérine. Ensuite il y a la fécondation in vitro. Après une ponction ovarienne, les spermatozoïdes sont mis en culture. Et la troisième technique, on fait appel à des embryons congelés, qui sont décongelés et réimplantés dans l’utérus" rappelle le jésuite Brunot Saintôt.
Chacune de ces techniques pose des questions éthiques propres. "Ce qui unit ces trois questions, c’est la dissociation entre sexualité et procréation. Après il y a des questions qui se posent de manière différente, sur l’insémination artificielle par exemple. La fécondation in vitro ne pose pas les mêmes enjeux éthiques" explique le journaliste Loup Besmond de de Senneville.
La loi française permet actuellement de recourir à ces techniques pour compenser une infertilité pathologique, médicalement diagnostiquée. "C’est pourquoi en droit actuel, seuls les couples étant composés d’un homme et d’une femme vivants et en âge de procréer peuvent y recourir" précise Aude Mirkovic, qui pose les bases du problème que pose l’extension de ces techniques à d’autres types de couples.
Pour rappel, selon les derniers chiffres de 2015, on compte environ 25.000 enfants vivants nés de ces techniques là. "Sur les quatre dernières années, il y a une baisse significative du nombre d’inséminations artificielles par contre on note une augmentation de fécondations in vitro et il y a très peu de transferts d’embryons" ajoute le père Bruno Saintôt.
Même si ces pratiques sont légales, certaines posent plusieurs questions, au sein même des couples qui y ont recours. "Chez les couples que j’accompagne, c’est bien souvent la femme qui prend conscience dans sa chair que les embryons restants auraient pu être des petits frères ou des petites sœurs, et cela quelles que soient les croyances", évoque le père Bruno Saintôt au sujet des embryons surnuméraires.
Élargir le champ d’action de ces techniques, remettrait en cause la notion de filiation, déjà délicate quand on évoque les techniques de procréation médicalement assistée. Loup Besmond de Senneville précise à ce sujet que l’Église catholique s’y oppose. "L’Église promeut les techniques d’aide à la fertilité qui sont soit des traitements hormonaux ou la restauration des trompes. Globalement, elle s’oppose à toute immixtion de la technique qui engendrerait une dissociation entre la procréation et la sexualité. C’est pour cela qu’elle est opposée à la PMA" conclut-il.
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