Le deuxième épisode de notre série sur les un an de la tempête Ciaran, tempête qui a déferlé sur les côtes bretonnes. Ce jour-là ou plutôt le lendemain, les salariés du jardin exotique de Roscoff s’en souviennent très bien. Le jardin est un chaos, et il faudra de la motivation pour redresser, reconstruire et replanter. Reportage.
L'impression de quitter la Bretagne, le Finistère et de pénétrer dans une forêt exotique. Impossible de dire, qu'il y a quelques mois, le chaos régnait parmi les fougères, les cactus et les bulbes sud-africains. En ce mois d'octobre 2024, le ciel est lumineux et le soleil brille sur le jardin exotique et botanique de Roscoff, et une équipe nous attend à l'entrée.
Il y a Amélie, responsable du jardin, première arrivée "il y a neuf ans" sourit-elle. Il y a aussi Lucile, qui s'occupe des serres et du jardin, Nathan arboriste-grimpeur et Axelle, responsable des serres. Première étape, une serre où se réchauffent cactus et succulentes, à l'abri des intempéries de l'hiver. Mais lors de la tempête, la serre s'est envolée. "Avec la force du vent, tout s'est arraché. On a dû racheter une bâche et la réinstaller avec l'aide des bénévoles", se souvient Amélie. Au total, trois serres sur quatre se sont envolées, et des dizaines de plantes, d'arbres, d'arbustes sont détruits, déracinés. Il y a un mot qui vient immédiatement quand on demande à Amélie à quoi ressemblait le jardin au lendemain de Ciaran. "L'apocalypse." Un mot, et le souvenir, pesant du silence. "Personne parlait. On a fait le tour du jardin, on pouvait plus passer dans les allées à cause des arbres qui étaient tombés". Y'avait personne qui parlait. On s'est dit :"mais on va jamais y arriver et au final... ça se voit plus !" s'exclame Amélie.
Et c'est vrai que bien malin celui qui saurait deviner qu'une tempête a déferlé ici. Le long du chemin, les visiteurs, nez en l'air, se trouvent transportés aux Açores, au Chili, bercés par le bruit clair d'une cascade qui roucoule dans un des recoins du jardin. Pourtant ça et là, les stigmates persistent, un tuteur en bois qui soutient une branche, le souvenir d'un cyprès fendu qu'il a fallu abattre. Et tout en haut du jardin, la zone la plus impactée par la tempête, avec une nouveauté. Une vue panoramique sur la mer. "Là vous aviez une chaîne d'eucalyptus et il ne reste plus que lui, enfin la moitié d'un. Avant il était deux fois plus gros que ça. Là, on est sur la partie la plus haute du jardin donc tout s'est volatilisé. L'objectif maintenant c'est de planter des choses qui tiennent mieux au vent", explique la responsable du jardin. Une rangée de palmiers Braeha a été replanté par exemple, plus robustes et plus résistants. Des plantes arbustives aussi, "moins hautes mais plus étalées" précise Amélie. Des plantations plus clairsemées, moins touffues, cela a aussi permis à de nouvelles cultures d'éclore. "Les graines étaient enfouies à l'ombre et maintenant qu'elles ont de la lumière, tout explose."
Tous les visiteurs nous ont dit cet été qu'ils n'avaient rien remarqué au niveau des dégâts. On peut être fiers de nous
Le jardin a pu rouvrir ses portes en mars, comme d'habitude, après des semaines de nettoyage, déblayage et replantation intenses. Pour la plus grande fierté de la petite équipe. "On s'est dit qu'on avait vraiment bien bossé et on s'est dit qu'on avait réussi notre objectif qui était d'ouvrir à temps. Après, je pense que personne ne serait capable de refaire la même chose cette année!" s'exclame Amélie. "J'ai trouvé qu'il y avait une belle cohésion d'équipe, qu'on avait tous bien fait sur ce qu'on devait faire et qu'on avait été plutôt rapides. Tous les visiteurs nous ont dit cet été qu'ils n'avaient rien remarqué au niveau des dégâts. On peut être fiers de nous", sourit Axelle.
Le premier épisode de notre série à retrouver ici.
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