Quarante ans après sa création, le Musée d’art contemporain de Lyon est devenu un des musées phares de Lyon et a même réussi à se construire une renommée au niveau national et international. À l’occasion de l’anniversaire du musée du MAC, Isabelle Bertolotti, sa directrice depuis 2018 et salariée depuis 1990, nous raconte comment il s’est imposé sur la scène culturelle.
Dès sa conception, le MAC nourrissait de grandes ambitions. Il faut dire que ce musée né en 1984 est le fruit d’une "volonté politique", raconte Isabelle Bertolotti. À l’époque, il n’existait pas de musée d’art contemporain à proprement parler, simplement des musées d’art moderne, le style artistique qui le précède. "Le génie de Lyon a été de se dire 'et pourquoi pas un musée d'art contemporain, c'est-à-dire partir de maintenant et créer un musée à partir de rien du tout'. C’était quand même assez exceptionnel", sourit la directrice. Une première section d’art contemporain naquit donc en 1984, au sein du Palais Saint-Pierre, et devint rapidement un musée en tant que tel.
En 1995, le musée a été déplacé à l’actuelle Cité internationale, dans un bâtiment conçu spécialement pour accueillir ces œuvres d’art. Isabelle Bertolotti a connu ce déménagement et salue "le génie" de l’architecte Renzo Piano. "Il a fait un bâtiment qui nous a permis d'avoir une collection exceptionnelle d'œuvres monumentales puisqu'on avait la possibilité, et on l'a toujours, d'amener du matériel, des œuvres, des sculptures à la fois lourdes, volumineuses, absolument incroyables, directement de l'extérieur jusqu'aux étages, ou encore d'avoir des portes immenses, ce qui n'est pas toujours le cas dans les musées plus anciens", décrit-elle.
Ce bâtiment ingénieux, "sans aucune contrainte" a par exemple permis récemment d’installer la plus grande toile du monde au sein même du musée. Une toile de 140 mètres, soit la taille d’un terrain et demi de football ! Une acquisition qui s’est révélée être un défi logistique pour le musée : "le challenge était comment montrer 140 mètres de long sans discontinuité puisqu'il fallait que l'œuvre soit comme une histoire sans fin, comme la rivière sans retour (l’œuvre s’appelle River of No Return et présente des personnages sur une barque, NDLR). On a imaginé avec un petit bout de papier et une ficelle comment est-ce qu'on pouvait disposer cette pièce au premier étage du Mac et on l'a réalisé après en suspendant la très grande toile et en la faisant serpenter, ce qui permet au public aussi de rentrer dans les méandres de la rivière et de suivre l'histoire comme le font les trois personnages sur la barque".
Si le Mac est devenu l’un des musées les plus célèbres de France, c’est parce qu’il a été le premier à ouvrir en France, mais aussi parce qu’il cultivait un certain goût de l’avant-gardisme. Le musée ont permis de faire décoller la carrière de certains artistes méconnus comme James Turrell ou Louise Bourgeois, qui fut ensuite exposée au Centre Pompidou à Paris. "La notion d'artiste émergeant n'existait pas non plus, d'ailleurs on ne regardait pas spécialement ce que faisaient les petits jeunes, c'était plutôt les artistes plus confirmés qui intéressaient et on a été pionniers dans ce domaine-là, ce qui était assez chouette", se félicite Isabelle Bertolotti. Aussi, il y a eu d'autres expositions sur des scènes extra-européennes, sur la Chine, sur le Brésil, "bien avant que le monde de l'art en général s'intéresse à ces scènes-là", ajoute la directrice.
Et la recette du succès fonctionne ! En témoigne le nombre de visiteurs chaque année : environ 80.000 et rien que 10.000 lors du week-end anniversaire du musée les 18 et 19 mai derniers.
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