C’était il y a 51 ans, la mort du général de Gaulle. L’homme de l’appel du 18 juin devenu président de la République de 1959 à 1969, Charles de Gaulle a eu mille vies et s’est érigé en référence pour une classe politique qui se prépare pour l’élection présidentielle dans cinq mois. De nombreux hommes et femmes politiques iront ce mardi sur la tombe du général à Colombey-les-Deux-Églises dans la Haute-Marne.
Ils sont nombreux à se réclamer du général de Gaulle et seront nombreux ce mardi dans le fief du général de Gaulle dans le petit village de Colombey-les-Deux-Églises. C’est une tradition : honorer celui qui a marqué l’histoire de la France. Seront présents, entre autres, le premier ministre Jean Castex, la candidate à l’investiture des Républicains Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, candidat à l’élection et président de Debout la France. Des personnalités de gauche font le déplacement aussi : Arnaud Montebourg, candidat et ancien ministre socialiste et Anne Hidalgo, la candidate socialiste, en tant que maire de Paris.
Il y a même une candidate qu’on n’attendait pas forcément : Marine le Pen, candidate du Rassemblement national. Elle se rendra à Bayeux, dans le Calvados, où elle prononcera un discours, dans cette ville où le général de Gaulle avait lui-même pris la parole en 1944 puis en 1946.
Un hommage qui pose question puisque le Front national, parti dont elle a hérité par son père Jean-Marie le Pen, a toujours été anti-gaulliste. "C’est la marque symbolique de la transformation que conduit Marine le Pen du Front national vers le Rassemblement national. Le FN était en grande partie anti-gaulliste notamment du fait du conflit algérien. [...] La page se tourne petit à petit. Ça indique aussi à quel point les Français sont nostalgiques d’une époque et je pense qu’elle a bien compris ça et qu’elle entretient cette nostalgie", analyse le politologue Olivier Rouquan.
Eric Zemmour, qui n’est pas officiellement candidat à la présidentielle, avait lui fait planer le doute sur sa potentielle venue à la commémoration. Cela avait été finalement démenti.
Cette nostalgie se fait grande en cette période pré-électorale. Ce n’est pas un hasard si toutes ces personnalités s’apprêtent à rendre hommage à Charles de Gaulle, une figure relativement consensuelle aujourd’hui. La nostalgie, "elle y est d’abord à sa personne qui était faite de probité, d'honnêteté, de ne pas profiter du système. Et le deuxième élément c’est qu’il a remis la France sur les rails à deux reprises", estime Hervé Gaymard, président de la fondation Charles de Gaulle et ancien ministre.
C’est aussi une certaine image de la France que De Gaulle incarnait. Si son action appartient à une autre époque, il a contribué à donner une image forte à la France. "Il y a beaucoup de doutes aujourd’hui sur ce que signifie notre identité nationale et le général de Gaulle a su incarner une vision. Quelque part, il a sauvé cette unité et il est parvenu à représenter la continuité de l’État. [...] Il tenait beaucoup à solidifier l’État. [...] Sa figure revient parce qu’elle vaut référence, elle rassure", affirme Olivier Rouquan.
Du général de Gaulle, il reste aujourd’hui le gaullisme, une pensée politique. Le parti des Républicains a découlé, naturellement, de son action politique. Mais le gaullisme se veut au-dessus des clivages politiques. "Ce sont de grandes orientations, un cap, l’idée d’un destin national, d’une France présente sur la scène internationale, d’une troisième voie entre capitalisme et communisme. Quand on est gaulliste, on est ni de droite ni de gauche. Le gaullisme est pour l’intérêt national et pour la France", explique Pierre Manenti, historien qui vient de publier "Histoire du gaullisme social" aux éditions Perrin. Il est aussi le conseiller politique de l’actuelle ministre du logement Emmanuel Wargon.
Le gaullisme passe également par la figure du chef. S’y référer n’est donc pas un hasard au regard de l’échéance électorale qui approche. "Il y a aujourd’hui peut-être difficulté à trouver ce chef et ça vient du fait que le général de Gaulle, en plus d’être un chef politique, était aussi un chef historique. [...] Quand il revient au pouvoir en 1958, c’est l’homme du 18 juin qui revient au pouvoir. C’est ça qui manque aujourd’hui à certains membres du personnel politique : c’est qu’ils n’ont pas cette épaisseur historique qu’avait le général de Gaulle", estime Pierre Manenti.
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