Un dernier rapport du Collectif Les Morts de la Rue (CMDR) fait état de 624 personnes décédées dans la rue en 2022. Le communiqué confirme une année aussi meurtrière que les précédentes pour les personnes sans abris. "Un drame sociétal scandaleux", s'insurge un communiqué du collectif.
La Fondation Abbé Pierre a recensé en 2022 plus de 330 000 personnes sans domicile fixe en France, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Les associations locales s'insurgent de ce manque de prise en charge des pouvoirs publics. L’automne déjà là, et à l'approche de l'arrivée de l'hiver, c'est une nouvelle saison meurtrière qui pourrait toucher les personnes dans la rue.
Dans un communiqué, le Collectif Les Morts de la Rue (CMDR) recense 624 personnes décédées dans la rue, sans chez-soi en 2022.
Un chiffre qui ne pourrait être que la partie émergée de l’iceberg. Alors que le 11e rapport du CMDR confirme la tendance alarmante des années précédentes, les responsables associatifs parlent d’au minimum 710 décès. Parmi eux, 624 personnes sont sans chez-soi, 80 sont anciennement sans chez-soi, et 6 personnes sont récemment à la rue. “Un drame sociétal scandaleux”, alerte le CMDR qui publie depuis plus de dix ans des rapports sur les personnes décédées dans la rue.
En moyenne, les personnes décédées dans la rue meurent à 49 ans, soit 30 ans de moins que la population générale qui pointe ces dernières années à plus de 80 ans. Si le rapport montre que ce sont davantage les hommes qui meurent que les femmes, les deux genres sont touchés par une mortalité précoce (46 ans pour les femmes et 50 ans pour les hommes sans chez-soi).
D’autres chiffres montrent que la mort met un terme parfois à un long parcours de rue pour ces personnes sans-abri (en moyenne 11 ans). Le froid apparaît comme la principale cause de mortalité avec des saisons de fin d’année beaucoup plus mortelles : 37 % des décès ont lieu en hiver et 24 % à l'automne.
La plupart des sans-abris meurent dans l’indifférence générale d’une population prise par le quotidien et qui ne voit parfois même pas l’immobilité d’un sans-abri dans la rue. 41 % des décès ont lieu sur la voie publique, à la vue de tout le monde.
Le contexte social violent de la société est un frein à l’augmentation de l’espérance de vie dans la rue. “Parmi les causes de décès identifiées, près d’1 décès sur 5 est lié à une mort violente (accident, agression, suicide), et près d’1 sur 7 lié à une maladie (tumeurs, maladies liées à l’appareil circulatoire et à l’appareil respiratoire)”, alerte le communiqué.
Autre élément important : “la proportion de personnes dont la cause de décès est demeurée mal connue ou non précisée est importante (54 %)”, soit plus d’une personne décédée sur deux.
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