Il y a 75 ans, les Etats-Unis larguaient une première bombe atomique sur la ville d’Hiroshima, au Japon. Trois jours après, c’était au tour de Nagasaki de subir le même sort. Deux attaques qui auront causé la mort de dizaines de milliers de personnes, et qui feront entrer le monde dans une nouvelle dimension : celle de la course à l’arme nucléaire. Même si les tensions entre les pays ont évolué depuis la Guerre froide, “l’arme nucléaire retrouve de l’intérêt" aujourd’hui, d’après Emmanuelle Maître, chargée de recherche pour la Fondation pour la recherche stratégique, et spécialiste des questions de non-prolifération nucléaire, de dissuasion et de désarmement.
À ce jour, des États continuent certainement, officieusement, de développer leur programme nucléaire malgré l’évolution du droit international. Depuis 1945, deux traités ont pourtant vu le jour, d’abord sur l’interdiction de la prolifération nucléaire (1968) puis sur l’interdiction complète des essais nucléaires (1996). "Ce cadre juridique a tout de même eu un effet, soutient Emmanuelle Maître. En une cinquantaine d’années, seulement quatre pays supplémentaires ont développé un programme nucléaire, alors que beaucoup d’autres envisageaient de le faire."
Depuis 2017, un nouveau traité d’interdiction sur les armes nucléaires devrait bientôt entrer en vigueur. Néanmoins, sur les 50 signatures nécessaires, seulement 40 États l’ont pour l’instant ratifié. "Des pays comme la France souhaitent garder le minimum nécessaire d’armes nucléaires pour assurer une posture de dissuasion crédible", analyse Emmanuelle Maître. Et d’après la chercheuse, "même si ce traité voit le jour dans un an, il ne sera applicable que pour les États signataires. Or, ceux qui possèdent l’armement nucléaire ont refusé de le signer".
Alors que des tensions interétatiques se multiplient un peu partout dans le monde, notamment entre la Chine et les Etats-Unis, Emmanuelle Maître assure qu’"aujourd’hui, le nucléaire est de nouveau d’actualité pour ceux qui le développent". Certains pays pensent même qu’il "pourrait encore servir à réduire les tensions", précise la chargée de recherche. Pourrait-il, au contraire, être à l’origine d’une nouvelle guerre ? "Le risque zéro n’existe pas", reconnaît-elle.
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