Samedi 21 janvier 2023, une douzaine de jeunes catholiques traditionalistes, proches de la Fraternité Saint-Pie-X, ont perturbé une célébration œcuménique à Angers. Ils ont dû être évacués par la police. L'évêque d'Angers "condamne fermement cet incident", mais un peu tard aux yeux du pasteur protestant.
Samedi 21 janvier 2023 à Angers, une douzaine de jeunes catholiques traditionalistes ont perturbé une célébration œcuménique en l’église Sainte-Marie de Belle-Beille.
Célébrée chaque année dans le cadre de la semaine d’unité des chrétiens, cette cérémonie rassemble des fidèles catholiques, protestants et orthodoxes. Ils étaient 200 cette année.
Juste avant le début de la cérémonie, prévu à 18 h, une douzaine de jeunes catholiques traditionalistes, proches de la Fraternité Saint-Pie-X, se sont agenouillés dans le chœur de l’église en chantant des « Je vous salue Marie ».
« Ils m’ont dit qu’ils étaient de l’Eglise catholique romaine, et qu’ouvrir le dialogue avec d’autres confessions, c’était être infidèle à la volonté de Dieu », rapporte Loïc de Putter, le pasteur de l’Eglise protestante unie de France à Angers.
Le diacre Joël Caillé, délégué diocésain à l’unité des chrétiens, raconte avoir suivi la procédure dictée par la Conférence des évêques de France. « J’ai d’abord appelé au calme au micro, puis j’ai essayé de dialoguer avec eux, mais c’était impossible. »
« Ils chantaient très fort, ils priaient très fort, donc on ne pouvait rien faire, poursuit Joël Caillé. Ils ont pris en otage notre cérémonie. » Il a donc fini par appeler la police pour évacuer les traditionnalistes.
« On ne peut pas empêcher quelqu’un de célébrer un culte, que ce soit catholique ou d’une autre religion, là où c’est prévu, affecté et réglementé. C’est un délit », rappelle-t-il.
Les articles 31 et 32 de la loi de 1905 prévoient en effet une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende pour « ceux qui auront empêché, retardé ou interrompu les exercices d'un culte par des troubles ou désordres causés dans le local servant à ces exercices ».
Une fois les jeunes intégristes évacués, la cérémonie a enfin pu démarrer, avec trois quarts d’heure de retard. « Ce qui m’a profondément questionné, c’est qu’à aucun moment l’évêque d’Angers n’a pris la parole pour au moins expliquer la présence de ces individus-là », déplore le pasteur Loïc de Putter.
« J’attendais de lui qu’il puisse dénoncer cette intrusion, s’en dissocier fermement, peut-être même la condamner, poursuit-il. A ce jour (lundi midi), nous attendons encore de la part de l’évêque une parole claire sur une dénonciation possible de ces individus qui se réclament de l’Eglise catholique romaine en faisant intrusion dans une cérémonie œcuménique. »
Lundi soir, l’évêque d’Angers a publié un communiqué sur le site internet du diocèse. « Je condamne fermement cet incident, écrit Monseigneur Delmas, qui manifeste un manque de respect de la prière des chrétiens présents et plus grave encore, du caractère sacré de l’église, lieu d’unité, de paix et de communion. » Il ne portera pas plainte.
Quant au prieur de la Fraternité Saint-Pie-X en Maine-et-Loire, il assure que « ce sont les jeunes qui ont pris l’initiative de cette action, libre à eux ». L’abbé Pierre-Marie Laurençon relativise cet incident : « Il n’y a pas eu de débordements, ni de violences, ni d’insultes. » Un incident similaire avait déjà lieu en 2017 à Angers, en l’église Saint-Léonard.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !