Il nous faut bien un peu de rêve par les temps qui courent. Les fabuleuses ruines romaines de Pompéi, près de Naples, en Italie donc, devaient faire l'objet de deux expositions parisiennes fort alléchantes, évidemment reportées à des jours meilleurs. Mais Massimo Osanna, le directeur du site archéologique de cette ville engloutie par l'éruption du Vésuve, a publié un ouvrage chez Flammarion, où il raconte très bien les dernières découvertes des archéologues. Ce qui comble un peu notre curiosité frustrée.
Mais je croyais que le site de Pompéi était dans un état de délabrement pas possible… De fait, les murs d'une de villas majeures du site se sont effondrés en 2010. Le monde entier s'est alors alarmé devant le mauvais entretien de ce patrimoine de l'humanité. Depuis, les Italiens ont redressé la barre et un grand chantier de consolidation de la ville antique a été lancé. Massimo Osanna a aussi repris les fouilles dans un quartier encore enfoui sous la lave et les pierres ponces. C'est la première fois en 60 ans qu'on fouille à Pompéi !
Il a découvert de magnifiques fresques dans une belle maison, un temple archaïque, une fontaine, la tombe d'un personnage éminent de la cité… Mais la plus étonnante de ses trouvailles est sans doute ce modeste graffiti inscrit au charbon de bois sur le mur d'un couloir de service. Je vous lis :" Seize jours avant les calendes de novembre, ils ont prélevé dans le cellier…" La suite est effacée. Mais cela signifie que l'éruption du Vésuve qui a enseveli la cité n'aurait pas eu lieu le 24 août 79 comme tout le monde le croyait mais plutôt autour du 17 octobre. Cette nouvelle hypothèse, à vrai dire ne surprend pas les archéologues qui avaient observé que les résidus de fruits qu'ils découvraient dans les tavernes et les cuisines étaient ceux de l'automne.
Le 24 août, c'est la date donnée par l'auteur romain Pline le Jeune qui raconte la mort de son oncle, lors de l'éruption. Pourquoi se serait-il trompé?
Nous n'avons pas le manuscrit original de Pline. La date a pu être mal recopiée au Moyen Age quand le texte a été transposé sur de nouveaux parchemins. Mais, avec cette anecdote, ce n'est pas tant le changement de date qui importe. C'est la confirmation que les sources historiques sont fragiles et peuvent être remises en cause. L'archéologie apporte là de nouveaux indices à la reconstitution des faits.
L'autre grande leçon de ces fouilles, explique aussi Massimo Osanna, c'est que TOUT est important ! Autrefois, on ne conservait que les beaux objets comme les bijoux ou les meubles. Alors qu'aujourd'hui les archéologues s'intéressent aussi bien aux décharges publiques et peuvent vous dire rien qu'en étudiant les ossements qu'ils y trouvent, qu'à Pompéi on adorait déguster du porc et… du loir !
Et ne criez pas "Ils sont fous ces Romains", s'il vous plait.
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